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L'Etat islamique en Irak et au Levant en huit points

L'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) revendique la même idéologie qu’al-Qaïda, tout en étant entré en dissidence avec le groupe terroriste. Ce groupe djihadiste radical veut installer un califat dans une région située entre la Syrie et l'Irak. Mais qui sont ses membres et d’où viennent-ils ? Réponses en huit points.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Image de combattants de l'Etat islamique d'Irak et du Levant prise à partir d'une vidéo de propagande, publiée le 17 mars 2014. ( AFP PHOTO / HO / AL-Furqan MEDIA)

Les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris le contrôle de la province de Ninive, où se situe Mossoul, la 2e ville d’Irak, et celui des secteurs des provinces de Kirkouk et de Salaheddine (au nord de Bagdad), début juin. Ils ont déjà agi à Falloujah et Ramadi, à l'ouest de Bagdad, dans la province d’al-Anbar début 2014.

 
Abou Bakr al-Baghdadi, leader charismatique de l’EIIL
Ce mouvement djihadiste, fondé en 2006 par feu Abou Moussab al-Zarkaoui sous le nom de l'Etat islamique en Irak (ISI), branche irakienne d'al-Qaïda, est dirigé depuis 2010 par Abou Bakr al-Baghdadi.
 
Pour cette figure montante du djihad, «les Etats-Unis ont promis dix millions de dollars pour toute information conduisant à sa capture», selon Reuters.
 
L’homme, né il y a 43 ans dans la ville irakienne de Samarra a combattu les Américains durant des années au sein de groupes liés à al-Qaïda, avant de prendre la tête de l’ISI. Ce fin stratège «a réussi à exploiter la guerre en Syrie et la faiblesse de l'Etat central irakien après le retrait de l'armée américaine pour peu à peu construire sa base, le futur Etat fondamentaliste musulman», précise Reuters.
 
Une scission au sein du groupe
En 2011, profitant du soulèvement populaire contre le président syrien Bachar al-Assad, Abou Bakr al Baghdadi a envoyé en Syrie un de ses lieutenants, Abou Mohamed al-Golani, pour y implanter al-Qaïda. Ce sera le Front al-Nosra.
 
En avril 2013, Abou Bakr al-Baghdadi annonce que l'ISI et le Front al-Nosra vont fusionner dans l’EIIL.
 
Mais coup de théâtre, Golani décide de faire cavalier seul. Il refuse de placer ses combattants sous l'autorité d'Abou Bakr al-Baghdadi. En réponse, ce dernier lance une offensive contre le Front al-Nosra, consommant par la même sa rupture avec le chef d'al-Qaïda, Ayman al-Zaouahri. L'Egyptien lui demandait de se concentrer sur l'Irak et de laisser la Syrie à al-Nosra.
 
Les deux mouvements mènent désormais des actions séparées et depuis janvier 2014 se combattent en Syrie.

Abou Bakr al-Baghdadi, également connu sous le nom d'Abou Dua, le chef de l'Etat islamique d'Irak et du Levant. (AFP PHOTO / HO)

Sa ligne directrice
L’EIIL est sur une ligne encore plus radicale qu’al-Qaïda : se battre jusqu’à la victoire contre les impies, dont les chiites (autre branche de l’islam) font partie.
 
Mais aussi créer un califat qui gouvernerait une zone allant de la Méditerranée aux monts Zagros, en Iran.
 
Et ne jamais faire de compromission ni avec les Occidentaux ni avec les pays arabes.
 
Des combattants aguerris
L’EIIL dispose de milliers d’hommes disséminés en Syrie (estimés entre 6.000 et 7.000) et en Irak (5.000 à 6.000). Si la plupart des combattants sont originaires de ces deux pays, le commandement en Syrie est souvent assuré par des étrangers, formés en Irak, en Tchétchénie, en Afghanistan et sur d'autres fronts.
 
Quant à la plupart des chefs militaires en Irak, ils sont irakiens ou libyens et les leaders religieux sont plutôt saoudiens ou tunisiens, précise l'islamologue Romain Caillet, de l'Institut français du Proche-Orient.
 
L'EIIL compte aussi dans ses rangs des centaines de combattants francophones, dont des Français, des Belges et des Maghrébins.
 
Bête noire des coalitions rebelles
Des spécialistes de la région estiment que l'EIIL ne bénéficierait pas ouvertement du soutien d'un Etat, mais de ceux de donateurs individuels, en grande partie du Golfe. En Irak, le groupe dépend en outre de personnalités tribales locales.
 
En Syrie, l’EIIL a fait subir de lourdes pertes aux forces du régime de Bachar al-Assad. Après avoir été plutôt bien accueilli par une partie de la rébellion syrienne, le groupe djihadiste est devenu la bête noire des coalitions rebelles qui aujourd’hui le combattent. Son hégémonisme et les atrocités qui lui sont attribuées en sont les causes principales.

Alep, en Syrie, le 4 janvier 2014, lors d'affrontements entre l'Armée syrienne libre et l'EIIL. (SALIH MAHMOUD LEYLA/AGENCE ANADOLU/AFP)
 
Présents de chaque côté de la frontière
Le fief de l’EIIL se situe à l’est de la Syrie, le long de l’Euphrate, où le mouvement contrôle la ville de Rakka. Dans la province voisine de Deir al-Zour, les djihadistes ont pris des zones de gisements pétroliers et des localités situées sur la rive nord-est de l'Euphrate, à 100 km de la frontière irakienne.
 
En récupérant cette zone, l’EIIL procède à la jonction territoriale avec ses «possessions» irakiennes. Ce qui dessine les contours d’un Etat djihadiste, entre le Tigre et l’Euphrate, qui s’installe et croît dans le chaos.
 
En Irak, les combattants, qui se trouvent à moins de 100 km de Bagdad, y ont repoussé l’armée, en pleine débandade, comme l’écrit Courrier International, alors qu’ils sont pourtant dix fois moins nombreux.
 
Et aujourd’hui ?
Leur stratégie, détaillée par Carnegie Endowment for International Peace, et la chute de Mossoul, vont permettre dans l’immédiat une meilleure mobilité de l’EIIL en Syrie et en Irak.
 
Maintenant que les djihadistes contrôlent l'oléoduc entre Kirkouk et le port turc de Ceyhan, en plus de ressources en eau – et donc électriques – grâce au barrage de Mossoul, ils peuvent continuer à installer dans la zone un modèle d’Etat.

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