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Alep: la France appelle l’Iran et la Russie à sortir du double jeu en Syrie
Après l’échec retentissant de l’ONU à mettre un terme au conflit syrien, la diplomatie internationale fait face à un blocage total. Dans un entretien avec «Libération», le chef de la diplomatie française appelle l’Iran et la Russie à cesser le double jeu et à arrêter la main de Bachar al-Assad. En réponse, Moscou et Téhéran mettent à profit l’apathie de Washington pour gagner du terrain à Alep.
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Depuis la fin de la trêve, le 19 septembre 2016, les bombardements intensifs des quartiers Est d’Alep, tenus par la rébellion, ont repris de plus belle, dévoilant la stratégie du régime de Bachar al-Assad et de ses deux soutiens russe et iranien.
Reprendre le contrôle de la «Syrie utile» pour renouer en position de force le fil des négociations que l’émissaire de l’ONU, Staffan de Mistura, appelle de ses vœux. Une stratégie de partition du pays soulignée par le ministre français des Affaires étrangères.
Dans un entretien accordé au quotidien Libération, Jean Marc Ayrault estime que «le régime veut clairement faire tomber cette cité martyre. Et évacuer une partie de la population hostile au régime pour la remplacer par une autre qui lui serait fidèle.»
Les parrains du régime, Iran et Russie, peuvent arrêter la main d'Assad
Selon lui, «l’armée du régime est très faible et ne peut y arriver que grâce au soutien aérien russe». Préconisant une trêve qui déboucherait sur un cessez-le-feu durable permettant l’accès à l’aide humanitaire et créant les conditions d’une reprise des négociations de paix, l’ancien Premier ministre français a une idée précise de ce qui pourrait relancer l’option diplomatique.
«Les parrains du régime, l’Iran et surtout la Russie, peuvent arrêter la main d’al-Assad. Ils doivent sortir de leur double jeu», dit-il. Mais, déplore-t-il, «plus le régime tape, tue, détruit, plus les mouvements d’opposition se radicalisent, plus cela renforce la menace terroriste, notamment en Europe.»
Pour Jean Marc Ayrault, le régime «joue sur cette ambiguïté. Il dit bombarder Alep pour chasser les terroristes. Or, le but est de taper sur les modérés, car ce sont eux qui peuvent se retrouver autour de la table de négociations. C’est ce que Damas souhaite éviter.»
Le Kremlin se cabre et juge «inadmissible» la rhétorique occidentale
Pointé auparavant du doigt au Conseil de sécurité de l’ONU par Paris, Londres et Washington qui ont dénoncé «des crimes de guerre» comparant Alep à Sarajevo ou Guernica, le Kremlin s’est cabré.
«Nous considérons le ton et la rhétorique des représentants de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis comme inadmissibles et de nature à faire du tort à nos relations et au processus de règlement» du conflit, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
«Nous constatons également, sans céder à l'émotion, qu'il n'y a toujours pas eu de séparation entre la soi-disant opposition modérée et les terroristes» à Alep, a-t-il ajouté, rejetant la responsabilité de la rupture de la trêve sur la rébellion.
L'Iran soutiendra la Syrie jusqu'à la victoire contre le terrorisme
De son côté, l’Iran, plus que jamais engagé sur le terrain avec ses Gardiens de la révolution et par milices chiites libanaises et irakiennes interposées, a réaffirmé lui aussi ses positions.
Recevant la présidente de l’Assemblée du peuple syrien, Hadia Abbas, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité national, Ali Chamkhani, a assuré, selon le site Al-Manar du Hezbollah libanais, que «la République islamique poursuivrait son soutien à la Syrie dans tous les domaines jusqu’à la victoire contre le terrorisme.»
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