500 Européens combattraient en Syrie
Raphaël Gendron, un Français de 38 ans proche des milieux islamistes belges, a été tué alors qu'il combattait en Syrie, ont rapporté lundi 15 avril des médias belges. Raphaël Gendron s'était rendu en Syrie il y a plusieurs mois afin de combattre le régime de Bachar al-Assad dans les rangs d'une brigade islamiste, les Faucons du Sham (ancien nom de la Syrie), selon le site internet des journaux du groupe de presse belge "SudPresse". Raphaël Gendron n’est qu’un exemple parmi d’autres qui ont choisi d’aller combattre le régime syrien.
Autre exemple, les médias ont largement fait écho aux parcours de deux jeunes Anversois, Brian De Mulder (19 ans) et Jejoen Bontinck (18 ans), partis à l'insu de leurs proches au début 2012. Le père de Jejoen Bontinck s'est même rendu en Syrie pour tenter de le rapatrier, en vain. L'émotion est d'autant plus vive que des volontaires partis de Belgique ont déjà trouvé la mort en Syrie.
Ils font partie de ces Européens qui ont choisi de s'engager dans la guerre en Syrie. Entre 7% et 11% des combattants étrangers contre le régime de Bachar al-Assad en Syrie proviennent de l'Union européenne, ce qui fait donc quelque 500 personnes, a donc affirmé le monsieur anti- terrorisme de l’Europe, Gilles de Kerchove,
Plusieurs dizaines de perquisitions
Résultat, la Belgique a décidé de contrôler ces milieux islamistes prêt à combattre. Elle est passée à l'offensive contre les filières de recrutement de combattants pour la Syrie en procédant à plusieurs dizaines de perquisitions et à des interpellations dans les milieux islamistes. Quarante-huit perquisitions ont été menées, mi -avril, à l'aube, principalement dans les régions d'Anvers (nord) et de Bruxelles, a indiqué le parquet fédéral. Sx personnes ont été interpellées et quatre d'entre elles inculpées pour «participation à un groupe terroriste», passible de 10 années de prison, et placées en détention provisoire par un juge d'instruction anti-terroriste d'Anvers.
En France, le juge anti-terroriste, Marc Trévidic fait par ailleurs état d'une cinquantaine de Français actuellement en Syrie et «d'enquêtes dans tous les sens». Mais le magistrat va plus loin en posant la question du sens de ce combat. En effet, contrairement à l’Afghanistan et au Mali, les djihadistes sont dans le même camp que la France officielle, avec le même objectif, faire tomber le régime d’Assad.
Ces Français «partent et on ne sait pas ce qui se passe là-bas, parce que s'ils partent simplement pour combattre le régime de Bachar al Assad, il me semble qu'on les soutient et qu'on les arme, alors s'ils sont terroristes à cause de ça, on est complice, littéralement», a-t-il affirmé à Reuters.
"Un djihad autorisé" ?
Confirmant avoir mis à jour des «filières syriennes», il ajoutait dans le JDD : «Aller combattre le régime de Bachar El-Assad, est-ce que c’est du terrorisme? Des jeunes musulmans d’origine tunisienne sont allés combattre le régime dictatorial en place. Mais leur démarche ne se situait pas uniquement sur un terrain religieux. Il y avait un mélange. Le souci, et c’est ce que l’on voit actuellement en Syrie, est que ces élans spontanés, sans réseau, sont tôt ou tard pris en charge par des groupes proches d’Al-Qaida. Le terrorisme est une notion malléable, très liée à la géopolitique, aux alliances. Ces situations sont confuses, compliquées, voire hypocrites : quand ces gens-là nous servent, on ferme les yeux. Ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas dangereux, mais qu’ils sont dans le bon camp. Pour l’instant. »
Trevidic évoquait même récemment, dans les colonnes du Figaro, « un djihad autorisé face au massacreur en chef Bachar el Assad ». Une phrase reprise sur de nombreux sites internet.
Autrement dit, la condamnation unanime du régime syrien depuis deux ans, l’empathie avec les insurgés et l"idée d’armer l'opposition à Damas permettraient de dédiaboliser le voyage vers le djihad. D’autres spécialistes affirment qu’il peut s’agir de gens impatients «d’afficher leur solidarité avec une rébellion que nous soutenons officiellement.», rappelle Marianne, en citant Le Monde.
Aujourd’hui, cette question semble faire réagir les autorités puisque la France, alors qu’un accord russo-américain pourrait se dessiner pour essayer de trouver une solution politique en Syrie, ne parle plus d’armer l’opposition à Bachar al-Assad et que Laurent Fabius propose même de «classer comme "organisation terroriste" au sens de l'ONU le Front Al-Nosra, opposé à Bachar Al-Assad mais filiale d'Al-Qaida», affirme-t-il dans une interview au Monde.
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