"Sont-ils bourreaux ou victimes ?" (le père d’un djihadiste français)
Arrêté dès son retour. Alexandre, jeune Français parti faire le djihad en Syrie en novembre est rentré il y a quelques jours en France. Son père, Abderrazak Cherif, est allé le chercher à la frontière syrienne. Lorsqu’ils sont arrivés à l’aéroport de Nice, le mineur a été interpellé et envoyé à Paris pour être interrogé. Son père témoigne ce jeudi sur RFI, au micro de David Thomson, pour demander sa libération conditionnelle.
Alexandre, 17ans, et son frère, 23 ans, étaient partis faire le djihad en Syrie il y a plusieurs mois. Leur père, un niçois d’origine tunisienne, a tout de suite tenté de les convaincre de rentrer par mail et sur les réseaux sociaux. "Dès le départ, j’ai compris que je ne survivrai pas sans Alexandre ", confie Abderrazak Cherif, "je lui ai dit : ce qui se passe là-bas n’a rien à voir avec la religion (…) parce que la religion ne dit pas qu’on doit s’entretuer. L'Islam c'est la paix ".
"J’ai lu dans ses yeux : ‘C’est comme si je me réveillais d’un cauchemar’"
Petit à petit, en lui répétant que la religion signifie la paix, Abderrazak Cherif, arrive à toucher son fils. Il décide de partir le chercher mais le voyage en Syrie est trop dangereux. Le père s'est donc rendu, la semaine dernière, à la frontière syrienne, à environ 10 km de l’endroit où se trouvait son fils. "Il m’a dit ‘je suis capable’ " et a traversé la frontière "à pied, en courant ", raconte son père. Il prend son fils dans ses bras et lit dans son regard : "C'est comme si je me réveillais d’un cauchemar ".
En France, c’est la police qui attend Alexandre. Le jeune homme de 17 ans est arrêté à l’aéroport de Nice et conduit à Paris pour être interrogé par la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure). Il est soupçonné d’homicides en Syrie et est incarcéré. Abderrazak Cherif s’étonne, "dans mon esprit, un mineur, c’est quelqu’un qui a besoin d’aide ".
Il estime normal qu’Alexandre soit interrogé, mais pas détenu. "Si mon fils avait été si dangereux, j’aurai été le premier à hésiter à aller le chercher ". Pour Abderrazak Cherif, Alexandre est "traumatisé " par cette expérience et il faut l’aider à s’en sortir, avec notamment un suivi psychologique. Son plus grand fils est encore en Syrie. Il espère qu’il prendra exemple sur Alexandre et se demande : "Sont-ils bourreaux ou victimes ? ".
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