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San Francisco : le scénario du crash du Boeing 777 d'Asiana Airlines

Un appareil de la compagnie sud-coréenne Asiana Airlines a raté son atterrissage et pris feu samedi à l'aéroport de San Francisco. La queue du Boeing 777 a touché la piste, a expliqué dimanche le ministère sud-coréen des Transports. Le PDG de la compagnie a précisé qu'il n'y a "pas eu de problème mécanique". L'accident pourrait être dû à une erreur de pilotage. Le décryptage de Michel Polacco, spécialiste aviation de France Info.
Article rédigé par Estelle Cognacq
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Reuters)

Les circonstances du crash d'un avion de la compagnie sud-coréenne Asiana Airlines samedi à l'aéroport de San Francisco commencent à s'éclaircir. Deux adolescentes chinoises qui se trouvaient à l'arrière de l'appareil sont mortes. 181 personnes ont été blessées dans l'accident, selon le dernier bilan des pompiers.

La queue du Boeing 777 "a touché la piste"

Selon les derniers éléments fournis par Coralie Garandot, la correspondante de France Info sur place, le boeing 777 qui venait de Shanghai via Séoul volait trop bas au moment de son atterrissage et a heurté les digues qui séparent les pistes de l'aéroport des plans d'eau autour. Différents témoins qui se trouvaient dans d'autres avions racontent avoir vu le vol 214 aborder son atterrissage avec un angle qui semblait anormal. Les pilotes de l'avion n'ont pas lancé de message de détresse avant l'atterrissage et les conditions de météo étaient bonnes.

La queue du Boeing 777 "a touché la piste et l'appareil a quitté la  piste ", a indiqué dimanche le ministère sud-coréen des Transports. Un survivant du crash a fourni un témoignage concordant, affirmant que plusieurs membres de l'équipage à l'arrière ont été projetés dans le vide au moment de l'impact. C'est ce choc qui a provoqué l'incendie à bord.

Le PDG de la compagnie Asiana Airlines a tenu une conférence de presse dimanche matin. "D'après ce que nous savons, il n'y a pas (eu) de problème de moteur ou  mécanique " avant le crash, a expliqué Yoon Young-Doo. Il a ajouté que les pilotes étaient des navigateurs
chevronnés avec quelque 10.000 heures de vol chacun.

Une approche à vue trop courte

Pour Michel
Polacco, spécialiste aviation de France Info, analyse le déroulé des événements. "L 'avion effectuait une approche à vue
par beau temps sur une piste sur laquelle le système d'aide à l'atterrissage était en maintenance mais cela ne pose pas de problèmes particuliers vu les très bonnes conditions météorologiques
". D'ailleurs, pour Gérard Feldzer, chroniqueur de France Info et ancien pilote de ligne, tous les pilotes, dont ceux d'Asiana Airlines qui est une bonne compagnie,  savent faire des approches à vue. Elles sont notamment très fréquentes à l'aéroport de San Francisco. Il évoque donc une possible "mauvaise appréciation du pilote ".

"Mais l'approche a été faite manifestement avec un point d'impact en visée prévue qui était trop court, ce qui fait que l'avion se présentait pour se poser soit très près de l'entrée de piste, soit avant l'entrée de piste ", selon Michel Polacco. Il explique ensuite qu'au "dernier moment et trop tard, l'équipage a voulu remettre les gaz, c'est-à-dire repartir, se présenter pour une nouvelle approche et c'est dans cette phase-là, alors que l'avion était très cabré, que la queue de l'avion a touché la limite entre le remblai de la piste et la baie de San Francisco ". L'avion "s'est brisé devenant  *impilotable. Ensuite, il a glissé sur la piste, perdant des éléments de structure importants  dont un moteur, des élements de train d'atterrissage et quand il s'est immobilisé, le feu a pris rapidement * ".

Michel Pollaco note aussi que l'évacuation a commencé très vite et que les services de secours ont été très rapides ce qui a évité un bilan plus lourd. Même constatation de Gérard Feldzer, qui explique que l'évacuation des passagers s'est faite en 90 secondes, comme le veut la réglementation, et cela malgré des issues de secours en moins. Les pompiers sont arrivés sur place en moins de 5 minutes, note aussi l'ancien pilote.

La boîte noire devrait donner le scénario exacte

Michel Pollaco pointe plusieurs incertitudes notamment autour du train d'atterrissage. "On peut se demander si le train était sorti ou s'ils l'avaient déjà rentré ".

On devrait en savoir plus sur les conditions exactes du crash dans les prochains jours. Le ministère sud-coréen des Transports a précisé avoir dépêché une équipe de quatre personnes pour inspecter la carcasse du Boeing. Des enquêteurs fédéraux américains ont aussi été dépêchés de Washington en Californie pour tenter de déterminer les causes de l'accident.

La boîte noire, qui se situait dans la queue de l'appareil, devrait pouvoir livrer rapidement le récit très précis du crash.

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