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Ukraine: les responsables juifs ne croient pas à un retour de l'antisémitisme
Le Kremlin évoque des résurgences d’antisémitisme en Ukraine. Ces accusations sont rejetées par la communauté juive de ce pays, massacrée pendant la Seconde guerre mondiale. Pour autant, certains groupes nationalistes ukrainiens semblent très proches de la mouvance néonazie.
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«Nous voyons un déchaînement de néonazis, de nationalistes, d'antisémites dans certaines parties de l'Ukraine, y compris à Kiev», dénonçait le 4 mars 2013 le président Vladimir Poutine. Une allusion probable aux jeunes «ultras» qui ont attiré l’attention par leurs violences sur les barricades à Kiev.
Plusieurs dirigeants des principales organisations juives d’Ukraine ont vivement réagi à ces propos. Ils accusent le dirigeant russe de choisir «intentionnellement (…) dans les informations sur l'Ukraine des mensonges et des calomnies». Selon eux, la «conviction (de Vladimir Poutine) que l'antisémitisme monte en Ukraine ne correspond pas à la réalité». «Nos rares nationalistes sont bien surveillés par la société civile et les nouvelles autorités. On ne peut pas dire la même chose des néofascistes russes qui sont encouragés par vos services spéciaux», ajoutent-ils.
Antisémitisme «invisible»
«Si antisémitisme il y a, il s'est fait quasiment invisible», constate l’AFP. La formation d’extrême droite Svoboda s’était «signalée dans le passé par des propos antisémites et antirusses», rapporte Le Monde. Son dirigeant, Oleg Tyahnybok, qui a rendu hommage aux «ultras», avait été d’ailleurs été expulsé du Parti social-national en 2004. Depuis, il tente de tempérer son image. Pour autant, Svoboda se réclame d’un mouvement dont la branche armée collabora activement avec les nazis pendant la Seconde guerre mondiale et participa au génocide juif. Et chaque année, la formation commémore la création en 1943 de la division SS «Galitchia» (Galicie).
Dans le même temps, d’autres groupes nationalistes (et apparemment proches des «ultras») ont «une forte coloration néonazie», note l’envoyé spécial de France Info, Etienne Monin. Le responsable d’une formation paramilitaire, UNSO, reconnaît son admiration pour la discipline hitlérienne. Et il arrive aux militants de «Patriote de l’Ukraine» de taguer des croix gammées et des références au chef du IIIe Reich. «Difficile de savoir si ces groupes ont adopté à la fois l'habit et l'idéologie nazis, ou bien s'ils l'utilisent en opposition avec la Russie. Ce qui est sûr, c'est qu'ils ont des armes et qu'ils estiment que la révolution (ukrainienne) n'est pas terminée», ajoute Etienne Monin.
Pour autant, les responsables de la communauté juive évoquent un unique incident antisémite au cours de ces derniers mois : en l’occurrence une bouteille incendiaire lancée en février 2014 contre le mur de la synagogue de Zaporojie (sud-est). Ils expliquent par ailleurs qu’une croix gammée a été peinte récemment sur l’établissement cultuel de Simféropol en Crimée. Face au conflit russo-ukrainien, les dirigeants de la communauté adoptent une attitude prudente, fort répandue dans la société ukrainienne. Ils disent surtout vouloir éviter des violences.
Les massacres à l’époque nazie
Selon l’Agence juive, «la communauté juive en Ukraine compte environ 200.000 membres». Son histoire millénaire a été marquée à la fois par des périodes de prospérité et des périodes de persécutions sanglantes, dégénérant en pogroms au XIXe siècle. Et surtout au début du XXe.
Après la révolution soviétique, les juifs ukrainiens attendaient beaucoup du nouveau régime, rapporte le site internet du Mémorial de la Shoah. Mais leur vie continua à être difficile. Même si dans les années 20-30, «le yiddish se développa à grande échelle : utilisation dans certaines régions par les administrations, enseignement en yiddish dans des écoles d’Etat, foisonnement de journaux, revues, théâtres et salles de concert», selon la même source.
En 1939, la communauté comptait 2,5 millions de membres. Un million d’entre eux périrent durant l’occupation nazie. Des bataillons ukrainiens «participèrent avec rage aux massacres de juifs dans tout le pays», rapporte Le Nouvel Observateur. Celui de Babi Yar, perpétré les 29 et 30 septembre 1941 à Kiev (capitale de l’Ukraine) même, est resté le plus tristement connu : près de 34.000 personnes furent tuées. Après la chute de l'URSS en 1991, 250.000 juifs ont quitté l'Ukraine pour Israël.
Plusieurs dirigeants des principales organisations juives d’Ukraine ont vivement réagi à ces propos. Ils accusent le dirigeant russe de choisir «intentionnellement (…) dans les informations sur l'Ukraine des mensonges et des calomnies». Selon eux, la «conviction (de Vladimir Poutine) que l'antisémitisme monte en Ukraine ne correspond pas à la réalité». «Nos rares nationalistes sont bien surveillés par la société civile et les nouvelles autorités. On ne peut pas dire la même chose des néofascistes russes qui sont encouragés par vos services spéciaux», ajoutent-ils.
Antisémitisme «invisible»
«Si antisémitisme il y a, il s'est fait quasiment invisible», constate l’AFP. La formation d’extrême droite Svoboda s’était «signalée dans le passé par des propos antisémites et antirusses», rapporte Le Monde. Son dirigeant, Oleg Tyahnybok, qui a rendu hommage aux «ultras», avait été d’ailleurs été expulsé du Parti social-national en 2004. Depuis, il tente de tempérer son image. Pour autant, Svoboda se réclame d’un mouvement dont la branche armée collabora activement avec les nazis pendant la Seconde guerre mondiale et participa au génocide juif. Et chaque année, la formation commémore la création en 1943 de la division SS «Galitchia» (Galicie).
Dans le même temps, d’autres groupes nationalistes (et apparemment proches des «ultras») ont «une forte coloration néonazie», note l’envoyé spécial de France Info, Etienne Monin. Le responsable d’une formation paramilitaire, UNSO, reconnaît son admiration pour la discipline hitlérienne. Et il arrive aux militants de «Patriote de l’Ukraine» de taguer des croix gammées et des références au chef du IIIe Reich. «Difficile de savoir si ces groupes ont adopté à la fois l'habit et l'idéologie nazis, ou bien s'ils l'utilisent en opposition avec la Russie. Ce qui est sûr, c'est qu'ils ont des armes et qu'ils estiment que la révolution (ukrainienne) n'est pas terminée», ajoute Etienne Monin.
Pour autant, les responsables de la communauté juive évoquent un unique incident antisémite au cours de ces derniers mois : en l’occurrence une bouteille incendiaire lancée en février 2014 contre le mur de la synagogue de Zaporojie (sud-est). Ils expliquent par ailleurs qu’une croix gammée a été peinte récemment sur l’établissement cultuel de Simféropol en Crimée. Face au conflit russo-ukrainien, les dirigeants de la communauté adoptent une attitude prudente, fort répandue dans la société ukrainienne. Ils disent surtout vouloir éviter des violences.
Les massacres à l’époque nazie
Selon l’Agence juive, «la communauté juive en Ukraine compte environ 200.000 membres». Son histoire millénaire a été marquée à la fois par des périodes de prospérité et des périodes de persécutions sanglantes, dégénérant en pogroms au XIXe siècle. Et surtout au début du XXe.
Après la révolution soviétique, les juifs ukrainiens attendaient beaucoup du nouveau régime, rapporte le site internet du Mémorial de la Shoah. Mais leur vie continua à être difficile. Même si dans les années 20-30, «le yiddish se développa à grande échelle : utilisation dans certaines régions par les administrations, enseignement en yiddish dans des écoles d’Etat, foisonnement de journaux, revues, théâtres et salles de concert», selon la même source.
En 1939, la communauté comptait 2,5 millions de membres. Un million d’entre eux périrent durant l’occupation nazie. Des bataillons ukrainiens «participèrent avec rage aux massacres de juifs dans tout le pays», rapporte Le Nouvel Observateur. Celui de Babi Yar, perpétré les 29 et 30 septembre 1941 à Kiev (capitale de l’Ukraine) même, est resté le plus tristement connu : près de 34.000 personnes furent tuées. Après la chute de l'URSS en 1991, 250.000 juifs ont quitté l'Ukraine pour Israël.
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