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Syrie: Trump maintient la pression sur Poutine pour lui faire lâcher Assad

Tous les regards sont désormais braqués sur la mission du secrétaire d’Etat américain à Moscou. Rex Tillerson doit exposer aux responsables russes les nouveaux objectifs de Donald Trump, après la frappe d’une base militaire syrienne en représailles à l’usage d’armes chimiques par le régime. Pour Washington, le départ de Bachar al-Assad est redevenu une priorité et le Kremlin doit le lâcher.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, premier à gauche de Donald Trump, lors d'une réunion du Conseil national de sécurité sur la frappe en Syrie,  à Mar a Lago en Floride le 6 avril 2017. Il sera à Moscou les 11 et 12 avril pour examiner avec les responsables russes l'avenir de Bachar al-Assad. (WHITE HOUSE/AFP)

Les tensions entre Washington et Moscou, après la frappe américaine en représailles à l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien à Khan Cheikhoun, n’ont pas eu d’incidence sur le déplacement de Rex Tillerson à Moscou.
 
Une visite délicate, prévue avant les tirs de Tomahawk qui ont ciblé pour la première fois les forces de Bachar al-Assad, et qui a été maintenue par les autorités russes même si elles ont suspendu le mémorandum avec les Etats-Unis sur la sécurité des vols en Syrie.

Un déplacement crucial sur fond de surenchère verbale
Après une escale à Paris le 10 avril, où il devait se concerter avec son homologue français, Jean Marc Ayrault, Rex Tillerson, l’ancien patron du géant pétrolier Exxon Mobil devenu chef de la diplomatie de Donald Trump, sera les 11 et 12 avril dans la capitale russe pour des entretiens avec son homologue Sergueï Lavrov, et peut-être le président Poutine.
 
Un déplacement crucial, sur fond de surenchère verbale des acteurs dans la région. «L’agression contre la Syrie outrepasse toutes les lignes rouges. Désormais, nous réagirons fermement à toute agression contre la Syrie et à toutes violations des lignes rouges», a affirmé dans un communiqué la «Chambre d’opération conjointe». Un organe basé en Syrie, qui regroupe la Russie, l’Iran et les forces alliées dont le Hezbollah Libanais.
 
Fort du surprenant retournement stratégique américain, Rex Tillerson entend battre le fer russe tant qu’il est chaud. Certes, il a ménagé la Russie en affirmant n’avoir pas la preuve qu’elle était informée de l’attaque chimique dans la région d’Idlib, non sans accentuer en même temps la pression.
 
Les Russes «complices» ou «incompétents» 
En se demandant si l’inaction de Moscou face à l’usage d’armes chimiques par son protégé damascène était de la «complicité» ou de «l’incompétence», le chef de la diplomatie de Trump a mis en cause l’engagement de la Russie à faire respecter l’accord du 14 septembre 2013 sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien.
 
Tillerson entend désormais obtenir «le soutien de la Russie à un processus conduisant à une Syrie stable», comme il l’a déclaré à la chaîne ABC.
 
Et pour Washington, «il n’existe aucune option où une solution politique qui pourrait intervenir avec Assad à la tête du régime», comme l’a martelé sur CNN l’ambassadrice américaine à l’ONU
 
En effet, après avoir annoncé le 29 mars 2017 que le départ d’Assad n’était pas une priorité, Nikki Haley défend aujourd’hui l’attitude inverse. «Nous pensons qu’un changement de régime est quelque chose qui va arriver», a-t-elle encore dit, ajoutant toutefois que Washington demeurait focalisé sur la lutte contre l’Etat islamique et sur la fin de l’influence iranienne.

Washington prêt à en faire plus, si nécessaire 
En dépit de l’opacité qui frappe la diplomatie de l’administration Trump, l’objectif du déplacement de Tillerson à Moscou est d’obtenir «que la Russie renonce au soutien du dirigeant Bachar al-Assad», selon le media russe Sputnik, citant le Sunday Times.
 
Un message très diplomatique assorti d’une menace très militaire. Au lendemain de la frappe contre Khan Cheikhoun, l’ambassadrice Nikki Haley avait prévenu devant le Conseil de sécurité: «Nous sommes prêts à en faire plus, mais nous espérons que cela ne sera pas nécessaire.»
 
 
 

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