Russie : considérée comme "agent de l'étranger", une ONG contre la torture annonce sa dissolution
Le Comité contre la torture a préféré mettre fin à ses activités plutôt que de subir cette étiquette qu'il juge infamant.
C'est un nouveau signal du recul des libertés en Russie. Le directeur de l'ONG russe Comité contre la torture a annoncé, dimanche 12 juin, la dissolution de son organisation, après sa désignation vendredi comme "agent de l'étranger" par les autorités. "Nous ne voulons pas continuer à travailler en étant catalogués comme 'agents de l'étranger'. Nous considérons ce terme comme une insulte et une calomnie", a justifié Sergueï Babinets sur Telegram.
"Malgré l'utilité évidente de [notre] mission, les autorités s'efforcent depuis de nombreuses années de la faire passer pour étrangère et nuisible. Les autorités envoient le signal que la torture devient [ou est déjà devenue] un pan de la politique gouvernementale."
Sergueï Babinets, président de l'ONG Comité contre la torturesur Telegram
Le Comité contre la torture, fondé en 2000, militait pour contraindre les autorités à enquêter sur les mauvais traitements infligés par les forces de sécurité et à prendre des mesures pour y mettre fin. Elle a notamment travaillé sur la situation en Tchétchénie.
Un contexte de répression sans merci
L'étiquette "agent de l'étranger", qui rappelle celle d'"ennemi du peuple" sous l'ère soviétique, est utilisée massivement contre les organisations, opposants et journalistes accusés de mener des activités politiques financées à l'étranger. Les "agents de l'étranger" sont soumis à de nombreuses contraintes et procédures fastidieuses, sous peine de lourdes sanctions.
Le classement du Comité contre la torture comme "agent de l'étranger" intervient dans un contexte de répression sans merci contre toute voix critique en Russie, en particulier depuis le lancement de l'intervention militaire en Ukraine fin février. Depuis lors, nombre d'ONG ont été interdites. En avril, les autorités russes ont fermé les bureaux d'Amnesty International et de Human Rights Watch.
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