Russie : un blogueur condamné à trois ans et demi de prison avec sursis pour avoir joué à Pokémon Go dans une église
Rouslan Sokolovski a été reconnu coupable d'"incitation à la haine et d'insulte à l'égard des sentiments religieux des croyants".
Ses actes ont été jugés "extrémistes". Un blogueur russe a été condamné à trois ans et demi de prison avec sursis, jeudi 11 mai, par un tribunal d'Ekaterinbourg, dans l'Oural. Son tort : avoir chassé des Pokémon dans une église, et en avoir tiré une vidéo, diffusée sur YouTube le 11 août 2016. Rouslan Sokolovski, 22 ans, a été reconnu coupable d'"incitation à la haine et d'insulte à l'égard des sentiments religieux des croyants".
Une vidéo vue 1,9 million de fois
Athée revendiqué, le jeune homme avait été ulcéré par une émission télévisée expliquant qu'il était juridiquement risqué de jouer dans une église à Pokémon Go, le jeu vidéo phénomène de l'été 2016. Il s'était filmé attrapant plusieurs créatures virtuelles dans la cathédrale de Ekaterinbourg, pendant un office.
Sa vidéo avait été vue 1,9 million de fois. En bande-son, il avait choisi une musique reprenant une fausse prière ponctuée de jurons. Dans d'autres vidéos sur son compte YouTube, il comparait Jésus Christ à un zombie et affirmait que Dieu n'existait pas.
Ses déclarations sont "irrespectueuses de la société" et "ces actes sont des actes extrémistes", a estimé la juge Ekaterina Choponiak, jeudi, au cours de l'énoncé du jugement. Rouslan Sokolovski avait plaidé non-coupable, affirmant avoir diffusé sa vidéo "dans un but critique et polémique".
"Une nouvelle attaque lancée contre la liberté d'expression"
Rouslan Sokolovski s'est dit soulagé "de rester en liberté" et estime qu'il a bénéficié d'un "quasi-acquittement". "Je ne suis pas un extrémiste, ça, c'est sûr", a-t-il assuré, promettant de s'attacher à rester "très calme et tranquille" et de respecter les conditions de son sursis.
L'ONG Amnesty International, elle, s'est inquiétée de cette décision : "Il ne s'agit pas de piété ou d'un effort sincère (de la justice) pour protéger la liberté de la religion en Russie (...). Il s'agit d'une nouvelle attaque lancée contre la liberté d'expression".
La condamnation de Rouslan Sokolovski rappelle le sort des Pussy Riot, condamnées en 2012 à deux ans de camp pour une fausse prière pratiquée dans une cathédrale de Moscou.
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