Cet article date de plus de huit ans.

Premiers signes de reprise entre Moscou et Ankara?

De timides signes d’amélioration des relations entre la Turquie et la Russie, au plus mal depuis qu’un avion de chasse russe a été abattu, ont fait leur apparition. D’un côté, le ministre turc des Affaires étrangères affirme qu’elles vont revenir à leur statut antérieur. De l’autre, Moscou indique ne pas avoir l’intention de suspendre sa coopération avec Ankara.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Les présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et russe, Vladimir Poutine, se donnant une vigoureuse poignée de main, le 16 novembre 2015 lors du sommet du G20 à Antalya, en Turquie. Huit jours avant l'incident aérien qui allait bouleverser leurs relations. (Kayhan Ozer / Anadolu Agency)

Brouillées depuis le 24 novembre, à la suite de l’incident aérien dans lequel la chasse turque a abattu un avion de chasse Soukhoï, les relations entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan semblent s’acheminer vers une amélioration.
 
Rompant avec les accusations graves et multiples proférées entre les deux hommes, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s’est avancé à une importante prédiction.

Le chef de la diplomatie turque prédit un réchauffement des relations avec Moscou
«La Russie est le plus important partenaire économique de la Turquie, les deux pays entretiennent des relations commerciales étroites depuis longtemps et les relations entre eux reviendront à leur statut antérieur», a-t-il déclaré à l’issue d’une visite à l’Association russe d’art et de culture dans la province d’Antaliya.
 
Estimant que les relations russo-turques avaient atteint leur apogée sous les mandats des présidents Poutine et Erdogan, le chef de la diplomatie turque a précisé: «Nous faisons de gros efforts pour surmonter cette période. Ne vous en faites pas, un jour viendra où les relations entre la Turquie et la Russie se réchaufferont».
 
Des propos repris et diffusés sur les réseaux sociaux par l’agence de presse russe Sputnik, dans une dépêche annonçant pourtant l’élargissement des sanctions imposées à la Turquie, «pour donner une réponse adéquate aux actions hostiles» aux intérêts de la Russie.

La Russie ne veut pas abandonner la coopération avec la Turquie 
«Nous allons prendre de nouvelles mesures qui seront bientôt annoncées, a déclaré le vice-premier ministre Arkadi Dvoirkovitch, tout en prenant soin de préciser que le gouvernement n’avait pas pour objectif «d’abandonner la coopération avec la Turquie».
 
Selon cette même agence, les premières sanctions qui ont déjà frappé les secteurs de la construction, l’énergie, l’agriculture et le tourisme ont déjà commencé à donner des résultats. La Turquie aurait perdu près de 11 milliards d’Euros, et si le boycott des voyagistes russes dure plus de trois mois, Ankara essuiera des pertes importantes.
 
Avec plus de quatre millions de personnes accueillies dans les stations balnéaires turques en 2013 et 2014, la Russie est en effet le deuxième pourvoyeur de touristes de la Turquie, et d’autres pays comme l’Italie et Israël sont déjà sur les rangs pour profiter des défections.
 
Reprise des exportations de céréales vers la Turquie

Autre signe, non d’une amélioration mais au moins d’un arrêt de la détérioration des relations, la reprise des exportations de céréales vers la Turquie.
 
Après plusieurs semaines de pause, acheteurs turcs et fournisseurs russes ont repris la signature de contrats pour l’achat de céréales à la Russie, un des plus gros exportateurs de blé au monde.
 
Même si Vladimir Poutine affirmait à la presse, le 16 décembre 2015, qu’il ne voyait pas de perspectives de rétablissement des relations avec Ankara, même si Recep Erdogan accuse la Russie de vouloir créer un mini-état à Bachar al Assad dans la région de Lattaquié, la rupture entre les deux hommes ne semble pas définitivement consommée. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.