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L'Ukraine revisite son histoire et sa mémoire
Le Parlement de Kiev a adopté le 9 avril 2015, en quelques heures et sans grand débat, une série de lois «mémorielles» visant à «désoviétiser» le pays. Mais pour certains observateurs, ces textes risquent d’exacerber les tensions dans un pays déjà divisé par la guerre avec les séparatistes pro-russes.
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«Jamais, depuis qu’elle a acquis son indépendance de l’Union soviétique en 1991, l’Ukraine n’avait été si vite et si loin sur la voie de la ‘‘désoviétisation’’», écrit Le Monde. Les quatre lois «mémorielles» «proposent au pays une révolution mentale aussi profonde que périlleuse», ajoute le quotidien.
Ces textes mettent sur le même plan les régimes soviétique et nazi. Ils interdisent toute «négation publique» de leur «caractère criminel» ainsi que la «production» et l’«utilisation publique» de leurs symboles. L'exécution de l'hymne soviétique, réintroduit par Vladimir Poutine, sera ainsi désormais passible d'une peine de prison.
Dans le même temps, les monuments à la gloire des responsables soviétiques, dont les nombreuses statues de Lénine, doivent être démontées. Comme doivent être rebaptisées les localités, rues ou entreprises dont les noms font référence au communisme. En cas de violation de la législation, les organisations, partis ou médias concernés seront interdits. Et les contrevenants risquent jusqu'à dix ans de prison.
Moscou a dénoncé le 10 avril des lois «anti-russes» et accusé l’Ukraine de méthodes «totalitaires» au profit d’une idéologie poussant le pays «dans l’abîme».
Le 11 avril, des jeunes gens encagoulés ont démonté trois monuments à la gloire de leaders bolchéviques à Kharkiv (Kharkov côté russe), grande ville industrielle (1,4 million d’habitants) proche de la zone du conflit dans l'Est séparatiste pro-russe. Dans l’un des cas, la police a assisté au démontage sans intervenir.
Dans la soirée du même jour, le président Petro Porochenko a enfoncé le clou dans un discours prononcé à Odessa, ville russophone du sud de l’Ukraine : il a comparé les agissements de l’Allemagne nazie à la politique du Kremlin en Ukraine. «En quoi l’Anschluss de l’Autriche en 1938 ou l'occupation des Sudètes (région de l'ouest de la République tchèque, NDLR) sont-ils différents de l'annexion de la Crimée ou des tentatives de séparer en 2014 le Donbass» dans l'Est séparatiste, a-t-il lancé.
Les textes sont salués par une grande partie de la société dans cette ex-république soviétique. Leurs partisans estiment que des lois mémorielles sur les symboles soviétiques auraient dû être adoptées juste après l'indépendance de l'Ukraine de l'URSS en 1991. Comme l’ont fait les pays baltes, eux aussi anciennes républiques soviétiques, et la Pologne, ex-satellite de l’URSS. Il s'agissait de répondre «à la campagne de propagande du Kremlin», dans le cadre de laquelle les autorités ukrainiennes sont régulièrement qualifiées de «fascistes».
Utilisation de l’Histoire à des fins politiques ?
Mais d'autres déplorent une utilisation de l'Histoire à des fins politiques, et la tentation de revisiter à chaud celle de l'Ukraine au XXe siècle. Une histoire très complexe, de la grande famine des années 30 (qui a fait des millions de morts) au rôle des nationalistes ukrainiens. Et ce alors que l’Est de l’Ukraine est le théâtre d’une guerre qui a fait plus de 6000 morts et divisé une population dont une bonne partie reste attachée à l’héritage communiste.
«Cette loi est trop radicale. (...) Il y a beaucoup d'excès» qui risquent d'exacerber les «tensions surtout dans l'Est et le Sud» où la nostalgie pour l'URSS est la plus forte, avertit ainsi l'analyste politique indépendant Volodymyr Fessenko.
Déjà en 2014, après la chute du régime pro-russe de l'ex-président Viktor Ianoukovitch, la tentative du nouveau pouvoir pro-européen de revenir sur une loi qui donnait une plus grande place à la langue russe avait piqué au vif de nombreux habitants des régions russophones. Dans les «Républiques populaires» autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, nombreux étaient ceux qui y avaient vu une volonté de leur interdire totalement l'usage du russe. Ce qui, ajouté au démantèlement de statues de Lénine dans plusieurs villes ukrainiennes, a alimenté leur opposition au nouveau pouvoir.
Les textes adoptés le 9 avril accordent par ailleurs le statut de «combattants pour l'indépendance de l'Ukraine» aux soldats anti-soviétiques de la très controversée Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA). Formée en 1942, celle-ci s’est d’abord battue contre les nazis avant d’affronter l’Armée rouge. Elle est notamment accusée d’avoir commis des massacres. Elle aurait participé à la Shoah.
L’UPA est célébrée dans l’ouest de l’Ukraine. Mais d’autres régions, notamment orientales, ne la voient pas de cette manière. «Les autorités ukrainiennes ont lancé un processus irréversible qui va aboutir à la désintégration complète du pays», a d'ores et déjà lancé un dirigeant séparatiste Alexandre Zakhartchenko, cité par un média local.
Ces textes mettent sur le même plan les régimes soviétique et nazi. Ils interdisent toute «négation publique» de leur «caractère criminel» ainsi que la «production» et l’«utilisation publique» de leurs symboles. L'exécution de l'hymne soviétique, réintroduit par Vladimir Poutine, sera ainsi désormais passible d'une peine de prison.
Dans le même temps, les monuments à la gloire des responsables soviétiques, dont les nombreuses statues de Lénine, doivent être démontées. Comme doivent être rebaptisées les localités, rues ou entreprises dont les noms font référence au communisme. En cas de violation de la législation, les organisations, partis ou médias concernés seront interdits. Et les contrevenants risquent jusqu'à dix ans de prison.
Moscou a dénoncé le 10 avril des lois «anti-russes» et accusé l’Ukraine de méthodes «totalitaires» au profit d’une idéologie poussant le pays «dans l’abîme».
Le 11 avril, des jeunes gens encagoulés ont démonté trois monuments à la gloire de leaders bolchéviques à Kharkiv (Kharkov côté russe), grande ville industrielle (1,4 million d’habitants) proche de la zone du conflit dans l'Est séparatiste pro-russe. Dans l’un des cas, la police a assisté au démontage sans intervenir.
Dans la soirée du même jour, le président Petro Porochenko a enfoncé le clou dans un discours prononcé à Odessa, ville russophone du sud de l’Ukraine : il a comparé les agissements de l’Allemagne nazie à la politique du Kremlin en Ukraine. «En quoi l’Anschluss de l’Autriche en 1938 ou l'occupation des Sudètes (région de l'ouest de la République tchèque, NDLR) sont-ils différents de l'annexion de la Crimée ou des tentatives de séparer en 2014 le Donbass» dans l'Est séparatiste, a-t-il lancé.
Les textes sont salués par une grande partie de la société dans cette ex-république soviétique. Leurs partisans estiment que des lois mémorielles sur les symboles soviétiques auraient dû être adoptées juste après l'indépendance de l'Ukraine de l'URSS en 1991. Comme l’ont fait les pays baltes, eux aussi anciennes républiques soviétiques, et la Pologne, ex-satellite de l’URSS. Il s'agissait de répondre «à la campagne de propagande du Kremlin», dans le cadre de laquelle les autorités ukrainiennes sont régulièrement qualifiées de «fascistes».
Utilisation de l’Histoire à des fins politiques ?
Mais d'autres déplorent une utilisation de l'Histoire à des fins politiques, et la tentation de revisiter à chaud celle de l'Ukraine au XXe siècle. Une histoire très complexe, de la grande famine des années 30 (qui a fait des millions de morts) au rôle des nationalistes ukrainiens. Et ce alors que l’Est de l’Ukraine est le théâtre d’une guerre qui a fait plus de 6000 morts et divisé une population dont une bonne partie reste attachée à l’héritage communiste.
«Cette loi est trop radicale. (...) Il y a beaucoup d'excès» qui risquent d'exacerber les «tensions surtout dans l'Est et le Sud» où la nostalgie pour l'URSS est la plus forte, avertit ainsi l'analyste politique indépendant Volodymyr Fessenko.
Déjà en 2014, après la chute du régime pro-russe de l'ex-président Viktor Ianoukovitch, la tentative du nouveau pouvoir pro-européen de revenir sur une loi qui donnait une plus grande place à la langue russe avait piqué au vif de nombreux habitants des régions russophones. Dans les «Républiques populaires» autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, nombreux étaient ceux qui y avaient vu une volonté de leur interdire totalement l'usage du russe. Ce qui, ajouté au démantèlement de statues de Lénine dans plusieurs villes ukrainiennes, a alimenté leur opposition au nouveau pouvoir.
Les textes adoptés le 9 avril accordent par ailleurs le statut de «combattants pour l'indépendance de l'Ukraine» aux soldats anti-soviétiques de la très controversée Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA). Formée en 1942, celle-ci s’est d’abord battue contre les nazis avant d’affronter l’Armée rouge. Elle est notamment accusée d’avoir commis des massacres. Elle aurait participé à la Shoah.
L’UPA est célébrée dans l’ouest de l’Ukraine. Mais d’autres régions, notamment orientales, ne la voient pas de cette manière. «Les autorités ukrainiennes ont lancé un processus irréversible qui va aboutir à la désintégration complète du pays», a d'ores et déjà lancé un dirigeant séparatiste Alexandre Zakhartchenko, cité par un média local.
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