Attentat à Saint-Pétersbourg : la piste islamiste "est tout à fait crédible"

Trois jours de deuil ont été décrétés après l'attentat survenu lundi 3 avril dans le métro de Saint-Pétersbourg, qui a fait 11 morts et 45 blessés.

Sans revendication, pour le moment, la piste islamiste est avancée, même s'il n'y a aucune certitude. "Cette piste est tout à fait crédible, mais je crois qu'il faut attendre d'en savoir un tout petit peu plus", a réagi, mardi 4 avril sur franceinfo, Hélène Blanc, politologue et criminologue spécialiste de la Russie. "Il est probable que si ce sont les gens dont on parle qui sont responsables de cet acte barbare, probablement ils vont le revendiquer car ils en sont fiers."

Est-ce que d'autres groupes que Daech peuvent attaquer la Russie ?

Hélène Blanc : Il y a des tas de choses qui se passent en Russie et dont on ne parle jamais ici, mais je crois qu'effectivement il y a peut-être des groupes ou des individus isolés qui, comme chez nous, ont été radicalisés. Tout le problème est là : s'il s'agit de terroristes, est-ce que le responsable de cet acte est un individu isolé ou bien est-ce qu'il s'agit d'un groupe organisé qui aurait des racines et des ramifications sur le territoire russe ?

Cette menace était jusqu'ici plutôt concentrée dans le Caucase russe ?

Contrairement à la légende que l'on nous ressert assez souvent, jamais le régime de Vladimir Poutine n'a réussi à éradiquer complètement le terrorisme dans le Caucase.

Il y a tout un tas de petits peuples qui ont des contentieux avec Moscou et qui de temps en temps se manifestent.

Hélène Blanc

à franceinfo

Les Tchétchènes sont connus depuis beaucoup d'années. Leurs méthodes, ce sont plutôt ces fameuses veuves noires qui se font exploser dans les lieux publics.

À quelle réaction faut-il s'attendre de la part de Vladimir Poutine ?

Il y a quelques jours, il y a eu de grandes manifestations en Russie contre la corruption, et il y a eu énormément d'arrestations. J'espère que cet acte ne sera pas l'occasion de resserrer encore le verrou autour de la population et qu'il n'y aura pas à nouveau des arrestations. Après Beslan [en septembre 2004], cette terrible tragédie dans une école où 300 enfants sont morts, le pouvoir russe avait pris des mesures qui n'avaient rien à voir avec le terrorisme et qui ont radicalisé un peu plus sa mainmise sur la population. Il est probable que Vladimir Poutine réactive le sentiment national pour souder la nation et essayer d'en tirer profit pour lui-même et son régime.