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Arménie: la hausse de l’électricité met le feu aux poudres. Inquiétudes à Moscou
La hausse du prix de l'électricité de 16,7% à partir du 1er août 2015 a fait monter la grogne en Arménie. A tel point que les autorités russes – l’économie arménienne dépend essentiellement de Moscou – s’inquiètent de la survenue d’un nouveau Maïdan à Erevan, où des manifestants occupent depuis le 19 juin la place de la Liberté, comme ce fut le cas en Ukraine.
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Plus de 12.000 personnes étaient encore rassemblées le 25 juin 2015 dans le centre de la capitale arménienne et ont défilé sur l’avenue du Maréchal-Bagramian qui mène au palais présidentiel. Leur hymne de ralliement : «Nous sommes les maîtres de notre pays.» Et ils comptent bien le montrer à leurs dirigeants, notamment au président Serge Sarkissian, pour qu’il revienne sur sa décision d'augmenter les tarifs de l'électricité.
La population de ce petit pays (3,2 millions d’habitants) les accuse de les prendre à la gorge, alors que le pays connaît déjà des difficultés économiques. 20% des Arméniens sont au chômage.
Augmentation nécessaire ou conflit d'intérêts?
Pour la société qui gère la distribution de l'électricité, les Réseaux d'électricité d'Arménie (ENA), une telle augmentation est nécessaire, car le dram (monnaie locale) a subi une grosse dévaluation. Pour les protestataires, c’est une histoire de corruption. En effet, ENA est détenue par le groupe russe Inter RAO. Donc l’augmentation décidée par le gouvernement arménien profiterait à la compagnie russe.
Ce mouvement antigouvernemental, qui a débuté à l’appel du collectif Non au pillage, est le plus important de ces dernières années dans cet ancien satellite de l’URSS. Référencé sur les réseaux sociaux sous le hashtatg #ElectricYerevan, il ne semble pas faiblir, selon son site Civilnet.
Logo of the protest by @Vahram_MIHL, @edkanyan. Download here: http://t.co/zo1GSKPHdO #ElectricYerevan #ոչթալանին pic.twitter.com/JWJrih9IEJ
— Mary Gevorgyan (@merygyan) June 24, 2015
Pour Moscou, un complot américain
De son côté, la Russie, qui représente 23% des exportations arméniennes, s’inquiète de cette situation explosive qu'elle explique par la théorie du complot, un complot ourdi par Washington. Depuis 2014, Moscou est frappé par des sanctions économiques européennes et américaines adoptées en raison de son rôle présumé dans le conflit ukrainien.
Le site Isjberg reprend les réactions d’Igor Morozov, membre du Conseil de la fédération de Russie, et de Konstantin Kosatchev, président de la Commission des affaires étrangères de la Douma, lesquels estiment respectivement que «l’ambassade des Etats-Unis est activement impliquée dans les événements à Erevan, c’est l’une des plus importantes missions américaines à l’étranger», et que «des centaines d’ONG étrangères fonctionnent en Arménie et essaient d’influencer l’opinion publique en la poussant vers un choix pro-occidental. Nous savons que ce choix a fait éclater l’Ukraine et continue de la déchirer.»
Charge policière
En 2013, Erevan avait intégré la zone de libre-échange entre la Russie, le Kirghizstan, le Bélarus et le Kazakhstan (aujourd’hui Union économique eurasiatique) plutôt que de se rapprocher de l’Union européenne. «En échange, la Russie a promis de garantir la sécurité du pays, notamment contre une éventuelle agression provenant d’Azerbaïdjan», précise encore le site Isjberg.
Les autorités arméniennes ne lâchent rien pour l’instant et ont tenté d’apaiser les choses en recevant une délégation de plusieurs civils. Pour autant, cette rencontre n’a pas empêché les affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, comme le montre la vidéo ci-dessous.
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