Cet article date de plus d'onze ans.
Alban Mikoczy sur la politique de grands travaux menée par Moscou
La Russie mise sur les grands travaux pour relancer une croissance en net fléchissement depuis plusieurs mois. Le correspondant de France 2 à Moscou, Alban Mikoczy, fait le point pour Géopolis.
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Temps de lecture : 3min
Quels sont les projets en cours en Russie en matière de grands travaux?
Cela a toujours été un axe majeur du développement de l'économie en Russie et autrefois en Union soviétique. Pour moderniser le pays, pour lutter contre le chômage, créer des richesses, les dirigeants russes ont souvent eu recours à une politique de construction tous azimuts. Historiquement, deux vagues sont passées à la postérité : les grands travaux staliniens à partir de 1930, et la modernisation de Moscou voulue par Khroutchev dans les années 60.
Vladimir Poutine est en train de créer une troisième vague avec, par exemple, la rénovation de Saint-Pétersbourg, la construction de douze grands stades en Russie, d'une vingtaine d'aéroports et de centaines de kilomètres d'autoroutes...
Sans oublier l'immense ouvrage de préparation de la ville de Sochi, du littoral de la mer Noire et des montagnes du Caucase à l'accueil des Jeux Olympiques d'hiver 2014. Un projet qui, à lui seul, occupe à temps plein près de 100.000 personnes dont 60.000 ouvriers du bâtiment. 400 sites sont concernés, dont seulement 30 à vocation sportive. Le budget consacré à l'événement n'a plus de limite. Dimitri Kozak, l'un des vice premier-ministre chargés de la question a avoué, début février, que l'ensemble dépasserait les 52 milliards de dollars, soit 38 milliards d'euros.
Mais dans la classe politique, il y a une sorte de consensus pour considérer que ces sommes ne sont pas de l'argent perdu, mais un pari sur l'avenir. Dimitri Peskov, le porte-parole personnel de Vladimir Poutine, perçoit dans ces JO «un prétexte formidable pour le développement économique, social, et sur le plan des infrastructures pour le sud de la Russie.» Pour lui, «la région de Sochi est notre vitrine sur les mers chaudes».
Autant de projets qui vont structurer la Russie du 21e siècle. Tous les experts en conviennent : le potentiel économique du pays est immense, les ressources naturelles n'ont sans doute pas de limite... Mais, au plan des infrastructures, la Russie est encore une puissance pauvre. Tout ou presque reste à faire.
Pourqui la Russie se lance-t-elle dans cette voie ?
Outre le développement de ce pays grand comme 31 fois la France, la principale raison de cette fièvre bâtisseuse est peut être à rechercher dans les grands équilibres économiques. La Russie a dû abaisser ses prévisions de croissance à 3,6% en 2013. C'est un excellent chiffre vu d'europe occidentale, mais c'est ici une déception par rapport au plan à long terme qui tablait sur 5.
Il faut donc diversifier l'activité d'une économie qui dépend trop aujourd'hui des ressources en gaz et pétrole. Dimitri Peskov voit dans ces grands chantiers «la possibilité de montrer aussi que la Russie n'est pas un géant sous-développé mais un pays moderne qui rejoint les standards internationaux en matière d'aménagement du territoire».
Comment le pouvoir en place va-t-il les financer ?
Un fonds spécial vient d'être créé pour alimenter cette politique de grands travaux, à hauteur de 10 milliards d'euros pour cette année. L'argent vient des bénéfices générés par les sociétés gazières et pétrolières. L'objectif premier est d'assurer au secteur russe de la construction des marchés publics en grand nombre.
Mais il est amusant de noter que certains de ces projets permettent aux entreprises françaises de gagner des marchés en joint-venture ; c'est le cas de Vinci sur l'autoroute Moscou-Khimki ou d'ERDF dans l'électrification de la Sibérie centrale, la région de Tomsk.
Cela a toujours été un axe majeur du développement de l'économie en Russie et autrefois en Union soviétique. Pour moderniser le pays, pour lutter contre le chômage, créer des richesses, les dirigeants russes ont souvent eu recours à une politique de construction tous azimuts. Historiquement, deux vagues sont passées à la postérité : les grands travaux staliniens à partir de 1930, et la modernisation de Moscou voulue par Khroutchev dans les années 60.
Vladimir Poutine est en train de créer une troisième vague avec, par exemple, la rénovation de Saint-Pétersbourg, la construction de douze grands stades en Russie, d'une vingtaine d'aéroports et de centaines de kilomètres d'autoroutes...
Sans oublier l'immense ouvrage de préparation de la ville de Sochi, du littoral de la mer Noire et des montagnes du Caucase à l'accueil des Jeux Olympiques d'hiver 2014. Un projet qui, à lui seul, occupe à temps plein près de 100.000 personnes dont 60.000 ouvriers du bâtiment. 400 sites sont concernés, dont seulement 30 à vocation sportive. Le budget consacré à l'événement n'a plus de limite. Dimitri Kozak, l'un des vice premier-ministre chargés de la question a avoué, début février, que l'ensemble dépasserait les 52 milliards de dollars, soit 38 milliards d'euros.
Mais dans la classe politique, il y a une sorte de consensus pour considérer que ces sommes ne sont pas de l'argent perdu, mais un pari sur l'avenir. Dimitri Peskov, le porte-parole personnel de Vladimir Poutine, perçoit dans ces JO «un prétexte formidable pour le développement économique, social, et sur le plan des infrastructures pour le sud de la Russie.» Pour lui, «la région de Sochi est notre vitrine sur les mers chaudes».
Autant de projets qui vont structurer la Russie du 21e siècle. Tous les experts en conviennent : le potentiel économique du pays est immense, les ressources naturelles n'ont sans doute pas de limite... Mais, au plan des infrastructures, la Russie est encore une puissance pauvre. Tout ou presque reste à faire.
Pourqui la Russie se lance-t-elle dans cette voie ?
Outre le développement de ce pays grand comme 31 fois la France, la principale raison de cette fièvre bâtisseuse est peut être à rechercher dans les grands équilibres économiques. La Russie a dû abaisser ses prévisions de croissance à 3,6% en 2013. C'est un excellent chiffre vu d'europe occidentale, mais c'est ici une déception par rapport au plan à long terme qui tablait sur 5.
Il faut donc diversifier l'activité d'une économie qui dépend trop aujourd'hui des ressources en gaz et pétrole. Dimitri Peskov voit dans ces grands chantiers «la possibilité de montrer aussi que la Russie n'est pas un géant sous-développé mais un pays moderne qui rejoint les standards internationaux en matière d'aménagement du territoire».
Comment le pouvoir en place va-t-il les financer ?
Un fonds spécial vient d'être créé pour alimenter cette politique de grands travaux, à hauteur de 10 milliards d'euros pour cette année. L'argent vient des bénéfices générés par les sociétés gazières et pétrolières. L'objectif premier est d'assurer au secteur russe de la construction des marchés publics en grand nombre.
Mais il est amusant de noter que certains de ces projets permettent aux entreprises françaises de gagner des marchés en joint-venture ; c'est le cas de Vinci sur l'autoroute Moscou-Khimki ou d'ERDF dans l'électrification de la Sibérie centrale, la région de Tomsk.
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