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Syrie: Assad teste à l’arme chimique les limites de Trump et Poutine
Nommément pointé du doigt par Paris, Londres, Washington et l’Union européenne dans l’attaque chimique contre Khan Cheikhoun, Bachar al-Assad a pu vérifier qu’il bénéficiait toujours du soutien de Moscou. Alors qu’un projet de résolution doit être présenté à l’ONU pour condamner le régime syrien, Vladimir Poutine a déjà dédouané son allié de ce nouveau crime de guerre en accusant la rébellion.
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Le nouveau bombardement à l’arme chimique par l’aviation syrienne, contre la localité de Khan Cheikhoun dans la province d’Idlib, a fait selon un dernier bilan 100 morts, dont une vingtaine d’enfants, et quelque 400 blessés victimes d’asphyxie par agents chimiques neurotoxiques.
Un tollé des chancelleries occidentales contre Assad
Une nouvelle transgression délibérée des lois internationales qui a soulevé un tollé dans les chancelleries occidentales. Bruxelles, Londres Washington et Paris ont aussitôt pointé du doigt la responsabilité du régime.
«La principale responsabilité repose sur le régime parce qu'il a la responsabilité de protéger son peuple et non de l'attaquer», a réagi en premier la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
«Toutes les preuves que j’ai vues suggèrent que c’était le régime d’Assad», a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson. Soulignant la responsabilité d’Assad dans ce «massacre», le Président français François Hollande a appelé, lui, à «une réaction internationale à la hauteur de ce crime de guerre».
Un bombardement à valeur de test, voire de défi
Plus troublantes sont cependant les réactions de Washington et de Moscou face à un acte de guerre qui a pris brusquement une valeur de test voire de défi.
La Maison Blanche qui oscillait depuis quelques jours entre ne plus faire du départ de Bachar al-Assad «une priorité» et le traiter de «criminel de guerre», selon les formules de Nikki Haley, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, continue de naviguer à vue sur le dossier syrien.
«L’attaque chimique perpétrée aujourd’hui en Syrie contre des innocents, y compris des femmes et des enfants, est répréhensible», a déclaré le porte-parole du président américain, Sean Spicer.
«Cet acte odieux du régime de Bachar al-Assad est la conséquence de la faiblesse et du manque de détermination de l’administration précédente», a-t-il aussitôt ajouté, se défaussant de toute responsabilité dans «cette attaque chimique (…) intolérable» en l'attribuant à la politique de Barack Obama.
Poutine vole une nouvelle fois au secours d'Assad
Côté russe, c’est le ministère de la Défense qui a réagi affirmant dans un premier temps que «les avions de l’armée de l’air russe n’ont mené aucune frappe dans la zone de la localité de Khan Cheikhoun».
Toutefois, après cette réaction à chaud dégageant les forces russes de toute responsabilité dans ce carnage, le gouvernement de Vladimir Poutine a volé une nouvelle fois au secours de son allié syrien.
En effet, après réflexion et au lendemain du bombardement, le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé que c’était bien l’aviation du régime qui avait mené le raid, mais «contre un important dépôt de munitions des terroristes (…) à Khan Cheikhoun».
«Sur l’emplacement du dépôt, il y avait des ateliers de fabrication d’armes chimiques», a encore affirmé le porte-parole du ministère, Igor Konochenkov, précisant que ces mêmes armes avaient été utilisées par les rebelles l’automne dernier à Alep.
Une version qui permet à Moscou de juger d'ores et déjà «inacceptable» une résolution de l'ONU sur la question.
Donald Trump cantonné à une réaction verbale
Si le président syrien nourrissait des doutes sur les limites du soutien de Moscou à son régime, il a pu constaté à la faveur de cette nouvelle attaque à l’arme chimique qu'elle n’avait pas trop perturbé la stratégie de Vladimir Poutine.
Quant à la réaction américaine, elle reste cantonnée à une sévère condamnation, rien qui puisse inquiéter Bachar al-Assad pour le moment.
Le secrétaire d’Etat Rex Tillerson, attendu la semaine prochaine à Moscou pour discuter du processus de paix, a certes dénoncé «le barbarisme brutal et sans complexe» d’Assad, mais il a aussi appelé «la Russie et l’Iran, une fois encore à exercer leur influence sur le régime syrien pour garantir que ce genre d’attaque atroce n’ait plus jamais lieu».
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