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Pour succéder à David Cameron, Andrea Leadsom la banquière pro-Brexit?

Qui va prendre la tête du parti conservateur britannique après le Brexit? Ils sont plusieurs à se disputer le titre. Parmi les prétendants, l’actuelle secrétaire d'Etat à l'Energie Andrea Leadsom qui, contrairement à sa concurrente Theresa May, a défendu le Brexit. Portrait d’une femme politique, jusque là peu médiatisée.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Andrea Leadsom (ici le 7 juillet 2016) est candidate pour diriger le parti conservateur. (BEN STANSALL / AFP)

Andrea Leadsom se verrait bien négocier la sortie du Royaume-Uni de l'UE avec Bruxelles. Et elle estime qu'elle le ferait avec plus d'autorité et de volonté que sa rivale Theresa May. Mais pour cela, elle doit gagner la tête du parti conservateur et elle part avec de lourds handicaps. 

Agée de 53 ans, elle n’a jamais occupé de fonctions de premier plan en politique. Après avoir été en charge du secrétariat au Trésor, elle est aujourd’hui ministre de l’Energie de Cameron. Elle n’est élue que depuis 2010 et avait été auparavant une banquière à la City.

Mais elle a su compenser son manque de notoriété en réussissant sa campagne pour le Brexit. Elle a défendu avec ténacité et constance ses arguments en faveur du «leave». Durant la campagne du Brexit, elle a mis en avant les arguments de souveraineté et reprise de contrôle de «notre économie, notre commerce et nos frontières» face à une Europe dont le but est de former «une union politique».


Le soutien de Boris Johnson
Blonde, cheveux courts, mère de trois enfants, affichant un indestructible sourire, elle s’est fait remarquer pendant la campagne sur le Brexit en défendant avec passion, sur les plateaux télé notamment, la sortie de l'UE. Dans la course au poste de Premier ministre, elle a d’ailleurs reçu le soutien du champion du Brexit, Boris Johnson, qui s’est retiré de cette compétition au sein du parti conservateur.

Malgré ce soutien, à moins que ce ne soit à cause de lui, elle subit un lourd procès en illégitimité dans son parti. Inexpérimentée, incapable… On l’accuse pêle-mêle de ne pas avoir une carrière politique assez étoffée et d’avoir eu une carrière «douteuse» dans le milieu de la finance. On rappelle aussi qu'elle avait tenu des propos opposés au Brexit«Je ne pense pas que le Royaume-Uni devrait quitter l'Union européenne», avait déclaré la députée de la circonscription de South Northamptonshire en 2013 ajoutant : «Je pense que ce serait un désastre pour notre économie, et que cela entraînerait une décennie d'incertitude politique et économique dans une époque de grands bouleversements à l'échelle mondiale.»

Son passé professionnel remonte aussi régulièrement. On l'accuse d'avoir exagéré ses responsabilités réelles dans la finance. Son expérience au trésor a été très critiquée par le Financial Times. Et elle a dû se justifier sur des montages fiscaux réalisés à titre privé. 

En revanche, ses positions conservatrices ne semblent guère peser sur sa candidature. Elle s'est abstenue sur le mariage gay et la presse s'est étonnée de la voir nommée à l’Energie, elle qui s’était opposée aux fermes éoliennes et aux objectifs européens en matière d’énergies renouvelables… 

Andrea Leadsom (à droite) avec Boris Johnson lors de la campagne pour le Brexit (débat du 21 juin 2016) (Stefan Rousseau / POOL / AFP)

Comme la jeune Thatcher
Aujourd'hui, elle explique que les faits ont changé et que l'UE ne peut être réformée de l'intérieur. Ses partisans, eux, mettent en avant la ligne politique qu'elle a martelé durant la campagne du Brexit et son expérience dans l’économie… Pour eux, elle a le mérite d’assumer le Brexit, en accord avec l’électorat. «Elle a parlé tout au long de la campagne avec autorité, comme une mère qui voulait la meilleure chance pour ses enfants afin qu'ils prospèrent dans un pays souverain qui garde le contrôle de nos frontières, nos lois et nos finances», peut-on lire dans le Telegraph de la part d’un de ses partisans.

«La performance de Leadsom fait étrangement penser à la jeune Margaret Thatcher en 1974, quand elle a contesté les costumes gris du parti tory et l'a pris d'assaut. Il y avait la même inclinaison de la tête, le même sourire un peu forcé, la même confiance dans les clichés de la politique», affirme un journaliste du Guardian, Simon Jenkins. L'ancienne Dame de fer reste décidément la référence obligatoire pour toute candidate femme au sein du parti conservateur.

D'ailleurs, comme sa concurente Theresa May, elle n’hésite pas à regarder en arrière et à vanter les mérites de Margareth Thatcher. Une femme qui «a toujours été sympathique et courtoise en privé tout en faisant preuve d'une détermination en acier en tant que leader. J'estime que c'est la combinaison idéale et j'aime penser que j'en suis là», a-t-elle confié (modestement) récemment au Sunday Telegraph.

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