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Brexit : le résultat des législatives "est une mauvaise nouvelle" pour le président de la Fondation Robert-Schuman

Pour Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert-Schuman, Theresa May qui était "en position de faiblesse" est "encore affaiblie" après le scrutin. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La Première ministre britannique Theresa May lors d'une conférence de presse à Londres, le 4 juin 2017. (ISABEL INFANTES / ANADOLU AGENCY / AFP)

Après le revers électoral de jeudi, la Première ministre britannique Theresa May réunit son cabinet samedi 10 juin dans la matinée malgré les appels à la démission, y compris dans son propre camp. Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert-Schuman, explique sur franceinfo les conséquences du vote sur les négociations à venir sur le Brexit.

franceinfo : Un Brexit dur est-il toujours possible ?

Jean-Dominique Giuliani : Theresa May avait pris une posture un peu arrogante, un peu brutale, en disant : "Mieux vaut pas d’accord du tout qu’un mauvais accord", ce qui était une sorte de défi, parce qu’elle ne peut pas prendre ce risque. Elle va baisser d’un ton : elle était en position de faiblesse, elle est encore affaiblie. Les 27 européens sont unis et ne demandent qu’une seule chose : qu’on respecte leurs règles et que le retrait du Royaume-Uni se fasse en bon ordre, qu’on solde les comptes et qu’on essaie d’établir ensuite des relations constructives. En réalité, c’est très compliqué parce que 43 ans de vie commune, c’est plus de 19 000 lois partagées : on ne voit pas bien comment c’est possible sans dommage du point de vue britannique.

Les négociations débutent dans neuf jours, comment cela va se passer ?

On a deux ans maximum pour trouver un accord, sans quoi la sortie du Royaume-Uni sera automatique. Il y a deux équipes de négociations. Côté européen, c’est celle de Michel Barnier, qui a été investi pour négocier au nom de tous les autres États. Et côté britannique, c’est celle de David Davis, qui vient d’être reconduit comme membre du gouvernement. Ils vont se réunir dès le 19 juin pour tenter de se mettre d’accord sur un calendrier et une méthode. Une fois cela accepté par les deux parties, les négociations pourront commencer et on sent que le sujet principal sur lequel elles ont envie d’avoir un accord, c’est celui des ressortissants européens installés au Royaume-Uni et des Britanniques installés dans l’UE. Ensuite, il faudra solder les comptes. Ça, c’est assez difficile. Et enfin, essayer de discuter de ce qu’on pourrait avoir comme accord commercial et comme relation future.

La majorité fragile de Theresa May pourrait-elle retarder le calendrier des négociations ?

Oui, parce que négocier avec un partenaire faible n’est jamais facile ! Elle va être tributaire des extrémistes de son parti, les "Brexiters" un peu déchaînés qui ne se rendent pas compte de ce que ça veut dire pour les gens, pour le commerce ou pour la finance que de rompre des liens d’intérêt mutuel. C’est une mauvaise nouvelle car elle va être le jouet des uns et des autres alors qu’il va y avoir des sujets assez difficiles, comme la pêche qui concerne directement les Français puisqu’ils vont dans les eaux britanniques, les transports… Un Brexit sans accord, ça voudrait dire que demain, un avion britannique ne pourrait pas se poser sur un aéroport européen. Ce serait un cataclysme !

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