Cet article date de plus d'un an.

Grèves au Royaume-Uni : "C'est sans précédent depuis 1979", observe une spécialiste

Des milliers d'enseignants ont manifesté à Londres, mobilisés avec cheminots et agents publics pour la journée de grève la plus importante depuis une décennie au Royaume-Uni, plongé dans la crise par l'envolée des prix.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des enseignants manifestent dans le centre de Londres, le 1er février 2023, dans le cadre d'une journée de grève nationale. (JUSTIN TALLIS / AFP)

Un demi-million de Britanniques étaient appelés à débrayer mercredi 1er février au Royaume-Uni. Pour la spécialiste de la vie politique et économique britannique Sophie Loussouarn, "c'est une grève sans précédent depuis 1979 : 200 000 enseignants étaient en grève, les chemins de fer ne fonctionnaient pas, et la semaine prochaine le personnel de santé se mettra en grève." À la veille du 100e jour au pouvoir du Premier ministre conservateur Rishi Sunak, elle estime que "le bras de fer risque de se poursuivre jusqu'au printemps ou à cet été si les manifestants n'obtiennent pas d'augmentation de salaire".

franceinfo : Ce mouvement de grève est-il si exceptionnel ?

Sophie Loussouarn : C'est une grève sans précédent depuis 1979, à l'époque de l'hiver du mécontentement sous le mandat de James Callaghan. De nombreuses manifestations ont eu lieu aujourd'hui à Londres et dans le reste du pays. Des milliers d'écoles étaient fermées, 200 000 enseignants étaient en grève pour obtenir des augmentations de salaire et les chemins de fer ne fonctionnaient pas, comme le Parlement écossais et l'Assemblée galloise. Une semaine de grève est annoncée au British Museum, quatre jours de grève dans les ports.

La semaine prochaine, le personnel de santé se mettra en grève. L'opinion publique est partagée parce qu'elle est hostile à la grève des chemins de fer, puisque les salaires des cheminots ont augmenté de 24%, alors que le reste de la population soutient les infirmières, les professeurs et les postiers qui, eux, sont mal payés.

Le gouvernement doit-il s'inquiéter de ces manifestations ?

Les manifestations risquent de se poursuivre si le gouvernement ne négocie pas davantage avec les syndicats. Aujourd'hui, les Britanniques sont confrontés à une forte augmentation de l'inflation et à un ralentissement de la croissance économique, puisque le Royaume-Uni connaîtra une croissance négative de moins 0,6% en 2023 et une réduction des investissements. Les rêves de souveraineté se sont envolés. Par ailleurs, à partir du mois d'avril, les factures énergétiques vont augmenter. Le pouvoir d'achat des Britanniques les amène à choisir entre se nourrir et se chauffer.

Que peut faire le gouvernement du Premier ministre conservateur Richi Sunak ?

Sa priorité est de diviser par deux l'inflation, de réduire de moitié la dette publique et d'augmenter croissance. Aujourd'hui, le gouvernement est devenu impopulaire. Les conservateurs ont 17 points de moins que les travaillistes. Néanmoins, Rishi Sunak a dit aujourd'hui qu'il était scandaleux de fermer les écoles, que cela retardait les élèves dans leur programme d'éducation. Le gouvernement a d'ailleurs fait adopter une loi contre les grèves dans le service public. C'est aussi contre cela que manifestaient les enseignants et les cheminots.

"Le bras de fer n'est pas terminé et risque de se poursuivre jusqu'au printemps ou à cet été si les manifestants n'obtiennent pas d'augmentation de salaire."

Sophie Loussouarn, spécialiste de la vie politique et économique britannique

à franceinfo

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.