Grande-Bretagne : un contrat de travail à zéro heure, ça vous dit ?
Souplesse absolue pour l’employeur et précarité maximale pour l’employé, incapable de fixer un budget ou de rembourser un crédit. Voilà comment on peut résumer la philosophie du contrat zéro heure.
Un jeune magasinier de 26 ans a raconté son expérience à un journaliste de l’agence Reuters. Son temps de travail varie de huit heures par semaine, à plus de quarante. Le jeune homme reconnait :«je ne gagne pas suffisamment d’argent, et depuis que je travaille en zéro heure, je suis de plus en plus endetté.»
Qui plus est, l’offre d’activité ne précède parfois que de quelques heures la prise de service. Bien évidemment les arrêts maladie ne sont pas payés, ni bien sûr les congés.
Selon le journal The Guardian, 350 salariés de Buckingam sont à ce régime horaire, même si une porte-parole nie que ce soit du zéro heure. Du personnel embauché pour la saison estivale, pour accueillir les visiteurs de la demeure de la reine. Selon le contrat que s’est procuré le journal, aucune durée de travail n’est garantie au salarié. Comble de la flexibilité, le salarié ne peut pas exercer un second travail dans une autre entreprise, sauf accord préalable de Buckingham.
Il semble aussi que le droit de refus du travail accordé au salarié, soit très relatif. Il vaut mieux se rendre disponible, car sinon comme par malchance, les offres deviennent rares.
Ces dernières années, le nombre de ces contrats a explosé en Grande-Bretagne. Cineworld, le second réseau de salles de cinéma du pays, utilise exclusivement ce genre de contrat dans les 80 multiplexes qu’il possède. Les trois-quarts de ses 4500 salariés seraient sous ce régime. Une chaine de magasins d'articles de sport, Sports Direct, en fait de même.
Retour au temps de Dickens
Dave Prentis, le secrétaire général du syndicat Unison, réclame la suppression de cette loi. Il considère qu’elle «ramène le pays dans ses jours les plus sombres, quand les gens attendaient devant l’usine d’être choisi pour une journée de travail.»
Quant au gouvernement, il considère que la flexibilité du travail est une nécessité, tout en reconnaissant qu’il ne faut pas qu’il y ait d’abus. Une enquête sera donc diligentée pour voir comment est utiisé ce type de contrats dans le pays.
Officiellement, ils y aurait 250.000 salariés concernés par ces contrats . Des emplois peu qualifiés dans le domaine de la manutention, des loisirs, ou de l’aide à domicile. Mais selon une enquête du CIPD, 4% des sondés ont déclaré avoir signé un contrat de ce type. Un employeur sur cinq admet avoir au moins un contrat de travail de ce type.
Extrapolé à la population active, cela donne un million de travailleurs ultra précaires au Royaume-Uni. Pour ces contrats, la moyenne hebdomadaire de travail s'élève à 19 heures et demie. 14% des sondés considèrent que leur employeur ne fournit pas suffisamment de travail pour avoir une vie décente.
On attend le résultat de l’enquête du gouvernement avec impatience...la Reine aussi !
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