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Grande-Bretagne : les ferries P&O sous le feu des critiques après 800 licenciements illégaux

La direction de la compagnie britannique reconnaît avoir enfreint volontairement la loi pour licencier 800 personnes sans préavis, aveu fait devant des députés médusés. Elle les a remplacées par des intérimaires étrangers moins chers.

Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Manifestation le 21 mars 2022 à Londres (Royaume-Uni) pour protester contre le licenciement de 800 marins de P&O (HOLLIE ADAMS / AFP)

Mi-mars 2022, la direction de la compagnie de ferries P&O a trouvé une solution pour surmonter la crise née de la pandémie de Covid-19 et de la baisse du nombre de ses clients : réduire de moitié sa masse salariale. Mais elle sait que les syndicats n’accepteront jamais. Alors elle annonce 800 licenciements sans préavis, et l’embauche d’intérimaires étrangers payés 6,60 euros de l’heure quand le salaire minimum britannique s’élève à 11,40 euros.

Légalement, la compagnie aurait dû prévenir les salariés. La brutalité du procédé provoque des manifestations dans plusieurs ports britanniques ainsi qu'à Londres, et des réactions indignées dans la classe politique.

"Une arrogance à couper le souffle"

Le directeur général de P&O est sommé de venir s’expliquer devant la chambre des Communes. Il fait amende honorable : "Il n’y a absolument aucun doute que nous aurions dû consulter les syndicats. Nous avons choisi de ne pas le faire parce que nous croyions…
- Vous avez choisi d’enfreindre la loi, l'interrompt un député.
- Parce que… Nous avons choisi de ne pas consulter et nous allons… et nous indemnisons tout le monde pour ça."

P&O précise : elle va verser 18 000 euros minimum à chaque employé licencié. Quelques-uns toucheront même 120 000 euros, affirme la direction. Sauver l’entreprise est à ce prix, explique-t-elle, et elle se conforme ainsi à ce qui se passe dans le secteur au niveau international. Mais pour Grant Shapps, le ministre des Transports, ce n'est pas suffisant. Il a fait le tour des médias pour crier sa colère : "C’est un scandale ! Je ne défends P&O sous aucun prétexte. Ce qu’ils ont fait est d’une arrogance à couper le souffle. Le patron doit démissionner." Le gouvernement affirme qu’il va prendre des mesures pour contraindre la compagnie à revenir sur les licenciements.

Les ferries britanniques P&O dans la tourmente licencient 800 salariés sans préavis - reportage de Richard Place

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