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«Brexit»: les patrons britanniques sont plutôt contre

La patronne des patrons britanniques, Carolyn Fairbairn, a répété jeudi 21 janvier 2016 que la majorité des membres de la Confederation of British Industry (CBI), le Medef britannique, voulait voir le Royaume-Uni «rester dans une Union européenne réformée». Une voix qui compte alors que l’on évoque de plus en plus une éventuelle sortie du royaume de l’Europe.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
drapeaux britannique et européen (EMMANUEL DUNAND / AFP)
Le premier ministre britannique David Cameron a promis un référendum sur le sujet d'ici à la fin 2017. Le leader conservateur négocie avec ses partenaires européens en vue d'obtenir un accord de réforme de l'UE lors du Conseil européen des 18 et 19 février, qu'il pourrait ensuite présenter comme une victoire à son peuple afin de l'appeler à voter pour le maintien du pays dans l’UE.
 
Les enquêtes d'opinion conduites ces derniers mois ont indiqué qu'une  majorité d'électeurs pencheraient pour le maintien dans le giron européen. Mais un sondage paru le à la mi-janvier soulevé le doute en affirmant que 53% des Britanniques voulaient un Brexit (pour «British Exit», «sortie britannique»).
 
Membre de l’UE depuis 1973
L’économie britannique est très ancrée dans le marché européen. 55% des échanges du royaume sont réalisés avec les autres pays membres de l’UE.  
Certes, Londres n’a pas adhéré à l’euro, bien que le pays soit devenu membre de l’Europe bien avant de nombreux autres Etats. Le Royaume-Uni est en effet entré dans l’Europe en 1973. Ce serait un choc pour les 64 millions de Britanniques de couper les ponts avec les 510 millions d’habitants de l’Union européenne, même si Londres et l'UE ont souvent joué à «je t'aime moi non plus».
 
Résultat, Londres a toujours su négocier des exemptions dans les règles de l’intégration européenne. Mais son économie est fortement associée à celles des autres Etats membres, même si du fait de sa non-adhésion à la monnaie commune, elle a toujours pu mettre en œuvre des politiques autonomes (déficit budgétaire, niveau de la monnaie…).
 
Cette opposition au Brexit est une constante à la Confédération de l'industrie britannique (CBI), qui représente environ 240.000 entreprises. Le précédent président de la CBI avait déjà pris position en faveur du maintien dans l’Union européenne.
 
Cette organisation estime que la sortie de l’Union se traduirait par une réduction de 3% du PIB par habitant à l’horizon 2030. Mais d'autres scénarios, en intégrant des effets induits, comme la perte d’influence de la place financière de Londres, estiment qu'une sortie de l’Union pourrait coûter au Royaume-Uni jusqu’à 14% de son PIB.

Une vision catastrophiste que ne partagent cependant pas tous les entrepreneurs britanniques. Le Monsieur aspirateur (sans sac) anglais, James Dyson, est lui pour la sortie du pays. 
 
De nombreux opposants à l’Europe soulignent que des pays non-membres de l’UE entretiennent des rapports économiques étroits avec les Etats membres. La Norvège et la Suisse, par exemple, ne sont pas membres de l’UE. 

Nigel Farage (UKIP) en faveur du brexit (BETTINA STRENSKE / NURPHOTO)


La City
Les puissants services financiers britanniques -12% du PIB- sont les plus opposés au Brexit. «La City se porterait significativement plus mal» en cas de sortie de l'UE, a prévenu le président de la banque Barclays, John McFarlane, un des hommes forts du secteur dont il dirige le lobby TheCityUK.  «Les organisations étrangères utilisent Londres comme leur principal accès à l'Europe et nous ne savons pas quel serait l'impact d'un retrait», a-t-il prévenu.
 
Autre signe de cet engagement de la finance, la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, qui emploie quelque 6.000 personnes à Londres, a donné des centaines de milliers de livres à «Britain Stronger in Europe» (La Grande-Bretagne plus forte en Europe), une association faisant campagne pour le maintien, à laquelle d'autres grandes banques américaines auraient contribué.
 
D’autres branches partagent l’idée de rester dans l’UE. «L'Europe est notre principal partenaire commercial et l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE est vitale pour le secteur automobile afin de maintenir la croissance future et les emplois», a averti pour sa part Mike Hawes, le chef de l'Association des constructeurs et des vendeurs d'automobiles (SMMT), au moment où cette dernière se félicitait d'un record de production de voitures Made in Britain... dont près de 45% sont exportées vers l'Union européenne.
 
Tout cela donne des arguments à David Cameron pour négocier des arrangements avec les dirigeants européens. Surtout que ce derniers sont unanimes à estimer que la sortie du Royaume-Uni serait «un drame» (Manuel Valls) ou une «catastrophe» (Wolfgang Schaüble). Reste à résoudre la principale question mise en avant par Londres, celle de la restriction de la libre circulation au sein de l'UE sur laquelle David Cameron aimerait obtenir des avantages, sous la pression de sa droite, le Ukip. Et les arguments de ce dernier en faveur du brexit dépassent largement les seules questions économiques.

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