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Syrie : s'il y a une attaque sur Idlib, "ce sera la pire catastrophe de ces cinq dernières années", prévient un médecin

Idlib est le dernier bastion de l'insurrection contre le régime syrien du président Bachar al-Assad. Près de trois millions de personnes y sont coincées sans nourriture, ni médicaments. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Les habitants d'Idlib craignent l'offensive de l'armée syrienne. (OMAR HAJ KADOUR / AFP)

Les habitants d'Idlib "sont piégés, ils ont peur", a affirmé vendredi 31 août sur franceinfo le docteur Ziad Alissa, médecin de guerre et président de l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM), alors que l'armée syrienne mène une offensive contre la région rebelle d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. Idlib est le dernier bastion de l'insurrection contre le régime du président Bachar al-Assad. Environ 10 000 jihadistes de Daech sont également présents dans cette région, selon l'Onu.

Ziad Alissa craint un drame humanitaire si une attaque était menée dans la ville. "Ce sera la pire catastrophe de ces cinq dernières années", estime le médecin.

franceinfo : Est-ce que vous craignez un drame humanitaire ?

Ziad Alissa : Oui. Notre association travaille en Syrie depuis plus de cinq ans. S'il y a une bataille à Idlib, ce sera la catastrophe la pire de ces cinq dernières années. A chaque fois, quand on a eu des attaques de l'armée sur une ville pour la reprendre, il y avait toujours des solutions pour laisser sortir les gens vers Idlib. Malheureusement, maintenant, c'est la dernière ville.

Les habitants se retrouvent donc dans une impasse ?

Ces habitants sont piégés, ils ont peur. Je suis en contact avec des médecins sur place. Il y a à peu près trois millions de personnes, la moitié dans des camps de réfugiés. Il y a un manque de tout, il y a un manque de nourriture, un manque de médicaments, malgré l'aide des ONG. Mais on sait qu'il faut un pouvoir d'État pour prendre en charge trois millions de personnes. Les ONG essaient de faire ce qu'ils peuvent faire. S'il y a une attaque, s'il y a une solution militaire sur Idlib, il va y avoir beaucoup de victimes. Les frontières avec la Turquie sont fermées. La Turquie ne peut plus prendre de réfugiés. Les gens sont piégés. Trois millions de personnes dans une zone où normalement il y avait moins de 500 000 personnes, il y a une densité énorme de population.

Est-ce que les hôpitaux sont les cibles des bombardements ?

Oui. A Idlib, les hôpitaux ont été plusieurs fois bombardés. On sait qu'à chaque attaque, il y aura des attaques d'hôpitaux. On a perdu pas mal de nos collègues sur place. Cela met plus de danger. Lorsqu'il n'y a pas de moyens pour soigner les blessés, cela va multiplier les victimes. On a des équipes là-bas. On essaie de les aider en envoyant des médicaments, mais là, tout le monde craint cette attaque. La majorité des jeunes qui tiennent les armes dans la rue ont à peine vingt ans. Cela fait sept ans de problèmes syriens. Ces jeunes étaient enfants. Il y a un manque d'écoles. On n'a pas aidé ces populations. La solution militaire sera catastrophique, il faut trouver une autre solution.

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