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Syrie : "Poutine cherche à gagner du temps"

A la veille du G20, Vladimir Poutine tente d'apaiser les tensions et déclare que la Russie n'exclut pas d'agir, si des "preuves convaincantes" de l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien sont présentées à l'ONU. Décryptage.

Article rédigé par Tatiana Lissitzky - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président russe, Vladimir Poutine, a donné une interview à Channel One et Associated Press, mardi 3 septembre. (ALEXEI DRUZHININ / RIA NOVOSTI / AFP)

Allié décisif de Damas depuis le début du conflit en Syrie, Vladimir Poutine a surpris, mercredi 4 septembre, en se déclarant prêt à agir avec les OccidentauxAlors que la France et les Etats-Unis envisagent une intervention militaire pour "punir" l'usage d'armes chimiques, le président russe a annoncé qu'il serait prêt à agir "résolument" si des "preuves convaincantes" de l'utilisation d'armes chimiques par Bachar Al-Assad sont présentées à l'ONU. La livraison de missiles sol-air S300 au régime de Damas aurait par ailleurs été suspendue. Le signe d'un infléchissement de la diplomatie russe ? Francetv info a interrogé le correspondant de France 2 à Moscou, Alban Mikoczy.

Francetv info : Comment interpréter les propos de Vladimir Poutine?

Alban Mikoczy : Il n'y a rien de vraiment nouveau. La Russie a toujours dit que si une solution devait être trouvée dans le cadre du conflit syrien, elle devrait obligatoirement passer par le Conseil de sécurité de l'ONU. Comme les Nations unies ne sont jamais d'accord, les Russes ne prenaient aucun risque et se dédouanaient par la même occasion. Lorsque Poutine déclare que la Russie est prête à agir "résolument" et même à soutenir une action des Occidentaux, c'est à condition que la communauté internationale se mette d'accord sur une résolution. Moscou cherche à se désolidariser de cette action précise qu'est l'utilisation d'armes chimiques et voudra une application équilatérale de leur interdiction – tant au régime qu'aux rebelles. 

De plus, Poutine déclare attendre des preuves "convaincantes" de l'utilisation d'armes chimiques par le régime. Et tout est dans le "convaincant". La Russie ne trouvera jamais que les preuves sont irréfutables. Ce qu'elle dit, c'est attendons les expertises des inspecteurs de l'ONU. Est-ce sincère ou est-ce seulement pour gagner du temps ? Je l'ignore. Mais à la veille du G20, la volonté clairement affichée est de lâcher du lest.

Pourquoi ces déclarations interviennent-elles maintenant ?

Le G20 débute jeudi, et la Russie se retrouve en première ligne avec l'Iran en tant que défenseur d'Assad. Vladimir Poutine cherche vraisemblablement à apaiser les tensions et à faire un geste vers les Occidentaux pour que l'atmosphère soit plus détendue que lors du G8 en juin. Le sommet avait été glacial et la Russie s'était retrouvée totalement isolée. Enfin, relâcher un peu la pression sur la Syrie permet d'aborder d'autres sujets au G20. Mais dans le même temps, Moscou offre un sursis à Assad en déclarant attendre les preuves.

La livraison de missiles sol-air S300 est-elle réellement suspendue, comme l'a affirmé Poutine ?

En réalité, la Russie a honoré tous les contrats de livraison d'armes signés avant 2011 et n'en a pas engagé d'autres depuis. Lorsque Poutine assure avoir suspendu la livraison de batteries sol-air S300, des systèmes de défense antiaérienne et antimissile, c'est un gage envers les pays occidentaux. Un tel système menace en effet les pays voisins et complique un projet des Etats favorables à une intervention de procéder à des frappes ou d'établir une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie.

Que vont changer ces déclarations dans les relations entre Moscou et Damas, et, a fortiori, avec la France et les Etats-Unis ?

Sur le court terme, cela ne va rien changer à ses relations avec les Occidentaux. Les Français et les Américains ne vont pas se dire que la Russie s'est rangée de leur côté. Personne n'est dupe. En ce qui concerne la Syrie, Assad n'a absolument pas le choix et devra faire avec. Damas ne peut pas se passer de la Russie. Si Poutine lâche Bachar Al-Assad, les chances de survie du régime sont nulles.

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