Syrie : la partie n'est pas gagnée pour Obama au Congrès
La commission des Affaires étrangères du Sénat a adopté un projet de résolution, mais l'issue des votes reste incertaine dans les deux chambres du Congrès américain.
Le Congrès américain autorisera-t-il Barack Obama à frapper militairement la Syrie ? Malgré l'approbation des principaux responsables au Sénat et à la Chambre des représentants, l'issue des votes des deux chambres reste, jeudi 5 septembre, très incertaine.
Barack Obama et ses lieutenants répètent qu'ils sont confiants. Mais un proche allié du président, le représentant démocrate Chris Van Hollen, interrogé sur CNN sur les chances de réussite à la Chambre des représentants, s'est contenté de répondre mercredi : "Je crois que personne ne le sait aujourd'hui".
Un premier vote étriqué au Sénat, la Chambre incertaine
Mercredi, la commission des Affaires étrangères du Sénat a approuvé une résolution autorisant le président Barack Obama à lancer une intervention "limitée" contre le régime du président syrien Bachar Al-Assad. La durée maximale de cette action armée doit être de 60 jours, avec la possibilité de la prolonger à 90 jours, sans troupes au sol.
La Maison Blanche s'est réjouie du vote. Mais ce dernier n'a été obtenu qu'à une courte majorité (10 voix contre 7) et trois sénateurs démocrates ont fait défection, illustrant le scepticisme des parlementaires quant à l'opportunité d'une intervention. Le Sénat devrait toutefois adopter sa résolution dans le courant de la semaine prochaine.
En revanche, à la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, le calendrier est beaucoup plus flou, et l'issue du vote aléatoire. Le groupe républicain, qui compte 233 sièges sur 435, est fracturé entre sa base et le président de la Chambre John Boehner, qui a apporté mardi son appui à Barack Obama. Selon un comptage du Washington Post, plus de 174 représentants ont déjà dit être opposé à une intervention ou penchent vers le "non", alors que seulement 19 ont pris position en faveur de la résolution.
L'après-Assad inquiète
Si la Maison Blanche doutait encore de l'ampleur du scepticisme au sein de la Chambre des représentants, elle en a eu un vif aperçu mercredi lors de la longue audition de John Kerry, chef de la diplomatie. Beaucoup se méfient du vide que créerait la chute d'Assad et estiment qu'il est trop tard pour intervenir. "Il n'y a pas de bonne solution", a estimé Michael McCaul, président de la commission de la Sécurité intérieure. Les Américains "voient Assad comme un mauvais acteur qui a utilisé des armes chimiques, il n'y a pas de doute. Mais qui est dans l'autre camp ? Qui sont les rebelles ?"
"Les Américains sont sceptiques et ne veulent pas entendre parler d'un conflit nourri par des questions historiques, religieuses et tribales", a estimé Ed Royce, président de la commission des Affaires étrangères.
La Maison Blanche ne ménage pourtant pas ses efforts. Toute la semaine, de hauts responsables ont rencontré dans une salle sécurisée du Capitole tous les parlementaires qui souhaitaient en savoir plus sur la demande d'autorisation du recours à la force en Syrie.
Des élus préoccupés par les échéances électorales
"J'ai parlé à des centaines de personnes, mon bureau a reçu environ 300 courriers électroniques. Et pas un seul (...) n'a dit : 'Il faut aller en Syrie et combattre ce régime'. Ils disent : 'N'allez pas en Syrie. On n'a pas à s'impliquer dans leur guerre civile'", a lancé Jeffrey Duncan, un républicain affilié au Tea Party.
Après près de douze ans de guerre en Afghanistan et la douloureuse expérience de la guerre d'Irak, les Américains se méfient des conflits, surtout en Syrie où ils ne décèlent pas de menace imminente pour les Etats-Unis.
L'interdiction de l'envoi de troupes au sol, inscrite noir sur blanc dans les projets de résolution élaborés au Congrès, vise à les rassurer. "Je suis allé à trop d'enterrements et j'ai rendu visite à trop de soldats handicapés, je ne veux plus que nous fassions cela à moins que ce ne soit absolument nécessaire à la survie de l'Amérique", a noté Richard Durbin, un sénateur démocrate qui soutient l'intervention.
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