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Sommet sur la Syrie : "Si Bachar al-Assad reste au pouvoir, le mot transition n'a aucun sens"

Alors que les dirigeants turc, russe, français et allemand se retrouvent samedi à Istanbul pour évoquer l'avenir de la Syrie, le spécialiste du Moyen-Orient, Ziad Majed, estime sur franceinfo qu'il "n'y aura pas de percée" diplomatique claire.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Bachar al-Assad le 7 octobre 2018, lors d'une conférence à Damas. (SANA / AFP)

Un sommet inédit sur la Syrie se tient samedi 27 octobre à Istanbul en présence des présidents turc, russe, français et la chancelière allemande. Un double objectif a été clairement fixé : tenter de s'entendre sur une possible transition politique pour sortir de sept ans et demi de guerre et prolonger le cessez-le feu dans la province d'Idlib, dernière zone détenue par les rebelles dans le nord du pays.

La "question-clé" reste le maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, explique samedi 27 octobre sur franceinfo Ziad Majed, politologue, spécialiste du Moyen-Orient et co-auteur de Dans la tête de Bachar al-Assad. Selon lui, "si Bachar al-Assad reste au pouvoir, un pouvoir qu'il tient avec son père depuis 1970, le mot transition n'a aucun sens".

franceinfo : Le double objectif politique et militaire du sommet a-t-il une chance d'être atteint ?

Ziad MajedJe pense que ça va être très difficile au niveau des négociations parce que chaque acteur a des priorités. Côté russe, ce qu'ils veulent c'est, tout en offrant de préserver le statu quo dans la région d'Idlib, que les Européens s'engagent à une reconstruction de la Syrie qui pourrait leur offrir un moyen de consolider le régime Assad en place. La Turquie est surtout inquiète par ce qui ce passe du côté des milices kurdes à l'est de l'Euphrate et ils veulent une position importante dans le nord du pays. Les Européens ne veulent surtout pas d'une nouvelle crise humanitaire et l'arrivée de nouveaux réfugiés. Ils veulent une transition politique. La reconstruction est conditionnée par cette transition. Je ne pense pas qu'il y aura des percées pendant cette réunion. Elle reste néanmoins importante parce que ça va être un premier contact direct entre ces quatre acteurs.

La question du maintien de Bachar al-Assad est-elle toujours une question ?

Elle n'est plus une question si on regarde le rapport de force militaire que les Russes et les Iraniens ont imposé dans le pays. Mais elle reste la question-clé si on souhaite vraiment avoir une transition politique. Si Bachar al-Assad reste au pouvoir, un pouvoir qu'il tient avec son père depuis 1970, le mot transition n'a aucun sens. Pour le moment, il va rester au pouvoir sur un pays en ruine, sur un territoire fragmenté et donc où tous les conflits potentiels peuvent émerger. Cela explique la position européenne, même si elle manque de fermeté et de clarté, de dire qu'il n'y aura pas de reconstruction tant qu'il est au pouvoir, tant qu'il n'y a pas de transition.

Est-ce que les Russes vont accepter ? Pour le moment ils n'ont pas accepté parce qu'ils ne sentent pas une coordination importante entre Europe, États-Unis, Turquie et certains autres acteurs de la région, notamment les pays arabes. Mais en même temps les Russes ne peuvent pas avec les Iraniens reconstruire le pays qui est en ruine. Sans reconstruction, donc sans retour des réfugiés, sans réconciliation, on aura peut-être un statu quo, une intensité de la violence qui baisse mais qui peut remonter à tout moment.

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