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L'EIIL, ce nouveau groupe qui terrorise le Proche et le Moyen-Orient

L'Etat islamique en Irak et au Levant, fort de plusieurs milliers de combattants, a repris le contrôle de la ville de Fallouja aux autorités irakiennes. Et ce mouvement islamiste radical est aussi actif en Syrie et au Liban. Explications.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant paradent dans les rues de Tel-Abyad (Syrie), près de la frontière turque, le 2 janvier 2014. (REUTERS)

Le groupe est présent sur tous les fronts. Au Liban, où il a revendiqué un attentat. En Irak, où il a repris une ville aux autorités. Et en Syrie, où il mène de violents combats face aux rebelles pour le contrôle du nord du pays.

Fort de plusieurs milliers de combattants, l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) tente depuis plusieurs mois d'accroître son influence dans la région. 

Qui sont ces islamistes ?

L'Etat islamique en Irak et au Levant apparaît en avril 2013. A l'époque, le groupe sunnite se revendique comme la fusion de l'Etat islamique en Irak, organisation liée à Al-Qaïda, et des islamistes syriens du front Al-Nosra.

Sauf que cet acte de naissance a depuis été doublement invalidé. Par le front Al-Nosra d'abord, qui a décliné le parrainage irakien, et continue d'opérer de son côté. Puis directement par Al-Qaïda, qui ne reconnaît que Al-Nosra en Syrie et s'est, semble-t-il, désolidarisé d'EIIL. Ayman Al-Zawahiri, le leader d'Al-Qaïda, a contesté en juin la proclamation du groupe. Il a même ordonné sa dissolution en novembre.

Que veulent-ils ?

Côté idéologique, l'organisation prône un jihadisme transnational et milite pour l'établissement de la charia (la loi islamique) dans toute la région. Le groupe souhaite "la chute des gouvernements et la remise en cause des Etats", explique Pierre-Jean Luizard, directeur de recherches au CNRS, au Parisien.

A terme, il est question pour eux "de la création d'un Etat islamique d'Irak et de Syrie", précise l'historien François Géré à Atlantico. Dans un enregistrement audio daté de juin 2013, le leader du groupe, Abou Bakr Al-Baghdadi, souhaitait l'abolition de la frontière entre les deux Etats, rappelle Bloomberg (article en anglais).

Qui dirige le groupe ?

A la tête de l'organisation, un homme : Abou Bakr Al-Baghdadi, sacré "terroriste le plus puissant du monde" en décembre dernier par Time (article en anglais). L'hebdomadaire américain le décrivait alors comme la "nouvelle star d'Al-Qaïda".

L'homme est présenté comme un "extrémiste irakien ambitieux" par la New York Review of Books (article en anglais)Né en 1971, Al-Baghdadi est irakien : il est originaire de Samarra, une ville située à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad, la capitale.

Il a rejoint Al-Qaïda en 2003, lors de l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis, raconte Bruce Riedel (en anglais), ancien analyste de la CIA, aujourd'hui expert à la Brookings Institution, un think-tank américain.

Le département d'Etat américain (en anglais) le surveille de près et a offert une prime de 10 millions de dollars pour toute information qui permettrait sa capture.

Où est-il présent ?

En Irak. L'EIIL est toujours actif dans le pays, son berceau originel. Ces derniers jours, le groupe est parvenu à prendre le contrôle de la ville de Fallouja, à seulement 60 kilomètres de la capitale, Bagdad. L'organisation avait déjà revendiqué l'évasion de plusieurs centaines de prisonniers de la prison d'Abou Ghraïb en juillet et une série d'attaques à la bombe en août, tuant au moins 50 personnes à Bagdad.

En Syrie. Le groupe est particulièrement puissant dans le nord du pays, mais ses positions sont contestées au sein même des opposants à Bachar Al-Assad. Au départ bien accueilli par les rebelles, l'EIIL est désormais combattu par eux. De violents affrontements les opposent depuis le vendredi 3 janvier dans les provinces d'Alep et d'Idleb, au nord et au nord-ouest du pays.

Au Liban. Le groupe a revendiqué, samedi 4 janvier, un attentat-suicide dans la banlieue sud de Beyrouth, une zone considérée comme un bastion du Hezbollah (mouvement musulman chiite libanais, proche de l'Iran). Il s'agit là de son premier attentat revendiqué dans la capitale libanaise.

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