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"Des gens meurent en silence" : des médecins humanitaires alertent sur la situation syrienne de la Ghouta, près de Damas

La Ghouta, enclave syrienne bouclée par l'armée du régime de Bachar Al-Assad, est assiégée et bombardée. Différentes ONG se mobilisent pour apporter de l'aide aux civils alors que les accès humanitaires sont coupés. 

Article rédigé par Franck Mathevon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un Syrien transporte un bébé dans les décombres d'Hamouria, dans l'est de la Ghouta, le 3 décembre 2017. (AMER ALMOHIBANY / AFP)

Il y a un an, le monde entier parlait de la chute d'Alep, ville martyr en Syrie, reconquise par le régime de Bachar Al-Assad au prix de centaines de morts. L'histoire se répète aujourd'hui dans la région de la Ghouta, à l'est de Damas. 
Cette petite enclave, totalement bouclée par l'armée syrienne, est assiégée et bombardée. Elle ne dispose aujourd'hui d'aucun accès humanitaire. Les ONG se mobilisent pour tenter d'aider les civils, en particulier l'Union des organisations de secours et de soins médicaux (UOSSM), qui finance des hôpitaux, soutient des médecins en Syrie et lance un appel aux dons.

100 000 enfants pris au piège de la Ghouta

Le drame de la Ghouta hante Ziad Alissa. "Il y a presque 370 000 personnes assiégées dans une zone qui ne fait pas plus de 30 kilomètres carrés", alerte le médecin d'origine syrienne, qui préside l'UOSSM-France. Parmi elles, 100 000 enfants sont pris au piège. Des milliers d'entre eux souffrent de malnutrition et au moins 130 ont besoin d'une évacuation médicale d'urgence. 

Tous les accès humanitaires sont fermés. Les habitants manquent de tout, de nourriture, de médicaments... Il y a des blessés et des malades. C'est donc vraiment une catastrophe.

Ziad Alissa, médecin urgentiste et président de l'UOSSM

à franceinfo

La Ghouta est l'une des quatre zones de "désescalade" définies par la Turquie, la Russie et l'Iran qui mènent leurs négociations de paix en Syrie. Mais il n'y a pas eu de trêve dans cette région. "Tout le monde avait l'espoir qu'il n'y aurait plus de bombardements, qu'il y aurait des accès humanitaires mais malheureusement ce n'est pas le cas. Nos collègues sur place nous racontent toujours une situation catastrophique."

Les médecins contraints de prendre des pseudos

Régulièrement, Ziad Alissa appelle certains de ses collègues dans la Ghouta. Tous utilisent des pseudos pour protéger leur identité sur place. "Il reste quelques médecins qui veulent rester avec leurs familles. Ce sont vraiment des héros. Je pense qu'il est de notre devoir d'aller les aider", explique l'anesthésiste. Ainsi, un de ses confrères décrit une situation catastrophique depuis la Ghouta. 

Les civils ont peur, il n'y a rien à manger et ils redoutent l'hiver

Abou Kinan, médecin dans la région de la Ghouta

à franceinfo

"Ne nous oubliez pas", implore Abou Kinan. Une autre consœur raconte la difficulté de la situation humanitaire à Ziad Alissa. Elle s'occupe de Rama, une petite fille de quatre ans, devenue l'un des visages de la tragédie de la Ghouta. Rama souffre d'un cancer de la gorge diagnostiqué il y a huit mois mais elle ne peut plus suivre de traitement parce qu'elle est coincée dans l'enclave. Conséquence : les médecins ne peuvent que traiter les symptômes d'une maladie qui s'aggrave chaque jour. "Il est temps de faire quelque chose, de réagir pour aller aider ces gens qui souffrent et qui meurent en silence", alerte Ziad Alissa. 

Le reportage de Franck Mathevon

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