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Délégation de députés français à Alep : "Nous ne pouvions pas nous résoudre à l'impuissance", estime Cécile Duflot

Trois députés français sont en Turquie lundi dans le but de se rendre à Alep (Syrie). Pour l'une des trois députés, Cécile Duflot (EELV) interrogée sur franceinfo, cette mission a pour but de "défendre une solution humanitaire".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Cécile Duflot, député EELV, à Reims le 9 septembre 2016. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

Une délégation composée des trois députés français, Cécile Duflot (EELV), Hervé Mariton (LR) et Patrick Menucci (PS), ainsi que du maire du 2e arrondissement de Paris, Jacques Boutault (EELV), se trouvent lundi 12 décembre en Turquie avec l'intention de se rendre en Syrie, à Alep. L'objectif de la mission est de "défendre une solution humanitaire", a expliqué lundi sur franceinfo, la députée Europe Écologie-Les Verts, Cécile Duflot.

Les quatre élus sont accompagnés de Brita Hagi Hasan, le président élu du conseil local des quartiers Alep-Est, aussi appelé maire d'Alep-Est, alors que le régime syrien a resserré son étau autour des quartiers rebelles et que la fin de la bataille d'Alep semble approcher. 

franceinfo : Quel est l'objectif exact de votre mission ?

Cécile Duflot : Nous avons eu des échanges avec les représentants de l’ONU et avec des personnes installées à la frontière syrienne entre la Turquie et Alep. À la suite de ces échanges, nous avons prévu de nous rendre au plus près de ces habitants et des réfugiés. Le sens de cette mission est très clair : c’est de défendre une solution humanitaire.

Nous avons répondu à l’invitation du maire d’Alep-Est qui est venu en France et qui explique la gravité de la situation. Pour avoir fait le voyage et passé de longues heures avec lui, je sais que la situation est insupportable. Il reçoit des appels et des messages d’habitants qui sont pris au piège dans ce qu’il faut appeler un crime contre l’humanité. Ils sont prisonniers d’une ville où il n’y a plus de soins, plus d’alimentation, où il fait froid, où certains sont emprisonnés sous les décombres à la suite des bombardements et où personne ne peut venir les chercher. C’est vraiment intolérable et il faut que le monde en ait conscience. On connaît très bien le blocage politique. Mais on ne peut pas s’y résoudre.

Quel poids aura votre petite délégation française dans ce conflit ultra-complexe ?

Nous sommes conscients que notre mission représente une goutte d’eau dans l’océan, mais dans un océan dramatique. Nous ne pouvions pas nous résoudre à l’impuissance constatée. On ne peut pas simplement en appeler à la compassion de Vladimir Poutine et de Bachar al-Assad. Ce n’est pas supportable. Ce conflit se passe sous nos yeux. Il nous paraît important d’alerter sur la situation.

Il n’y a pas de fatalité à avoir. Il y a tout le poids diplomatique que l’Europe peut exercer à l’égard de Vladimir Poutine. On doit pouvoir organiser cette opération humanitaire. Quand on est vraiment en situation de crise humanitaire ultime, comme c’est le cas aujourd’hui, cette opération peut se faire sans décision de l’ONU.

Votre objectif n’est-il pas aussi politique ?

Nous ne sommes pas dans une logique de négociations avec des partis, mais bien dans celle de soutenir de façon très claire les populations civiles d’Alep qui sont aujourd’hui sous un déluge de bombes. Des populations sans aucune option, puisqu’on les empêche de s’enfuir dans des conditions de sécurité minimales. C’est donc bien une mission humanitaire.

Nous avons eu des échanges avec le Quai d’Orsay. Il ne partage pas notre présence ici en raison du risque physique que cela comporte. La France a fait un certain nombre d’efforts diplomatiques. Nous ne sommes pas en rupture, mais au contraire en soutien de la position diplomatique française. Je rappelle que nous parlons de dizaines de milliers de personnes qui sont sous les bombes. Et cette situation-là ne peut pas nous laisser sans réaction.

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