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L'opposition syrienne déçue par la réunion des "Amis de la Syrie"

Plus de soixante pays se sont réunis vendredi à Tunis pour définir un plan d'aide humanitaire international au peuple syrien et accentuer la pression sur Damas.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, à son arrivée à Tunis (Tunisie) le 24 février 2012. (JASON REED / REUTERS)

Alors que le bilan ne cesse de s'alourdir en Syrie, une conférence internationale de crise était organisée vendredi 24 février à Tunis (Tunisie). L'urgence, pour la communauté internationale, est de trouver les moyens de venir en aide au peuple syrien, écrasé par la répression du régime et coupé du monde, particulièrement à Homs, ville pilonnée sans relâche depuis trois semaines, et où sont morts mercredi deux journalistes occidentaux, dont un Français.

Mais cette conférence n'a pas convaincu l'opposition syrienne. Selon le chef du Conseil national syrien, principal représentant de l'opposition au régime de Bachar Al-Assad, "la conférence n'a pas répondu aux attentes du peuple syrien". 

Organisée par la Ligue arabe, cette conférence réunit tous les pays arabes et occidentaux impliqués dans le dossier, ainsi que les différentes composantes de l'opposition syrienne. Plus de soixante pays sont ainsi représentés, dont ceux de l'Union européenne ainsi que les Etats-Unis et la Turquie. L'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, nommé jeudi "émissaire conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe sur la crise en Syrie", est également présent

Mais il manque deux acteurs majeurs : la Russie et la Chine, qui boycottent la conférence. Moscou et Pékin sont en effet les principaux soutiens du régime de Bachar Al-Assad, comme le rappelait avant la conférence Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères : 

Juppé avant le meeting de Tunis sur la Syrie ( REUTERS)

 

• De nouvelles menaces de sanctions contre le régime... 

Paris et Washington ont multiplié lors de la réunion les avertissements à Damas. Dès l'ouverture de la conférence, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a prévenu : le régime de Bachar Al-Assad "paiera le prix fort s'il continue d'ignorer la voix de la communauté internationale et de violer les droits de l'homme". Elle a également appelé la communauté internationale à "regarder attentivement" ce qu'elle pouvait faire pour "accentuer la pression" sur Damas. "Il est temps pour tout le monde ici d'infliger des interdictions de voyage aux hauts responsables du régime (...), de geler leurs avoirs, de boycotter le pétrole syrien, de suspendre tout nouvel investissement [dans le pays] et d'envisager de fermer ambassades et consulats".

Alain Juppé a lui aussi appelé à renforcer les sanctions pour faire "plier" le régime syrien. Dans son discours prononcé peu avant les travaux à huis clos de la conférence, le ministre des Affaires étrangères avait annoncé que "dès lundi [à Bruxelles], nous prendrons de nouvelles mesures fortes, notamment un gel des avoirs de la Banque centrale syrienne".

• … mais peu d'avancées concrètes

La Tunisie et le Qatar ont proposé l'envoi d'une force arabe pour mettre un terme aux tueries en Syrie. Le président tunisien, Moncef Marzouki, a ainsi déclaré que "la situation exige une intervention arabe dans le cadre de la Ligue arabe, une force arabe pour préserver la paix et la sécurité et pour accompagner les efforts diplomatiques pour convaincre Bachar [Al-Assad] de partir".

Il a également demandé qu'une "immunité judiciaire" soit accordée au président Al-Assad et à sa famille, et a évoqué un éventuel refuge en Russie pour le dirigeant syrien. Interrogé sur la possibilité d'armer l'opposition syrienne, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, a de son côté estimé que "c'était une excellente idée (...), parce qu'ils ont besoin de se protéger".

Mais la création d'une force arabe doit obtenir l'accord du Conseil de sécurité de l'ONU, a déclaré Alain Juppé : "Certains évoquent cette hypothèse. C'est au Conseil de sécurité de donner le feu vert à une telle opération." Problème, il faudra pour cela obtenir l'accord de Moscou et Pékin, qui ont jusqu'à présent toujours opposé leur veto.

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