Cet article date de plus de douze ans.

REPORTAGE Ils ont fui Alep sous une pluie de bombes syriennes

Plus de dix jours après l'ouverture du front d'Alep, des centaines de milliers d'habitants ont fui la capitale économique de Syrie, 200.000 rien que ces deux derniers jours, selon l'ONU. L'envoyé spécial de France Info en Syrie, Omar Ouahmane, a rencontré une famille à la frontière turque. Son récit est édifiant.
Article rédigé par Omar Ouahmane
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Hassan a les yeux de celui qui n'a
pas beaucoup dormi, tout comme ses trois enfants âgés de 3 à 7 ans, qui
écoutent leur père faire le récit de cette fuite d'Alep, sous une pluie de bombes
du régime de Damas.

"Nous avons manqué de tout : de gaz, d'essence, de pain. Tout
le monde était touché, les pro-régime comme les anti-régime".
Hassan raconte leur fuite, à pied d'abord,
à travers "des petites ruelles pour échapper aux balles et aux
roquettes",
dans les rues jonchées "de nombreux cadavres, c'était
des chiens du régime".
Puis en voiture à la sortie de la ville : "J'ai
dû donner 120 dollars à un chauffeur de taxi",
explique Hassan.

"Nous étions sous les bombes, attaqués par des avions de chasse en
plein ramadan"

Ils finiront leur voyage à pied,
valises à la main, à travers les champs d'oliviers le long de la frontière
turque, avant d'emprunter l'un des passages utilisés par les contrebandiers.
La
mère de famille, Amira, enceinte de cinq mois, se tient la tête entre les
mains. Puis elle prend la parole : "Nous étions sous les bombes, attaqués par des avions de chasse,
en plein ramadan
[...] C'est
un miracle que nous soyons ici aujourd'hui
[...] Les enfants ont beaucoup
pleuré, ils étaient terrifiés par les bruits des bombardements".

Partie précipitamment d'Alep, cette
famille dépend maintenant de la solidarité de la communauté syrienne de Kilis, ville
frontalière dans le sud turc, qui grossit de jour en jour. Elle est logée
provisoirement dans un appartement dépourvu de meubles. Deux tapis posés sur le
sol servent de literie. Le drapeau de l'indépendance, symbole de la révolution,
a été accroché sur le mur de la pièce qui sert de salon.

Une centaine de morts lundi

Pendant ce temps, l'armée syrienne tente toujours de déloger les rebelles d'Alep. Les révolutionnaires ont attaqué la nuit dernière un poste de police et une branche du
parti Baas au pouvoir dans le sud de la ville. Tandis que l'armée bombardait trois autres
quartiers.

Selon les décomptes de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, les
violences ont fait, pour la seule journée de lundi, près d'une centaine de
morts dont une quarantaine de civils.


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