Raul Castro veut faire la révolution à Cuba
En l’absence de son frère Fidel, Raul Castro s’impose comme le chef d’orchestre de ce 6e congrès du Parti communiste cubain (PCC), le premier depuis 1997, qui réunit un millier de délégués. Hier, au cours d’un discours fleuve de presque 2 heures et demie, le plus long qu’il ait jamais prononcé, le Premier secrétaire du parti a su montrer aisance et fermeté.
Après la publication d'un premier document comportant 291 mesures à l'automne dernier, tout le monde attendait les propositions économiques de Raul Castro. Il a présenté hier un éventail de 311 mesures radicales pour corriger "les erreurs commises au cours des cinq décennies de la construction du socialisme" et sortir l’île de la crise qui la ronge depuis la chute du soviétisme.
Parmi ces mesures figurent la légalisation progressive du commerce privé, la réforme du secteur agro-alimentaire et l'ouverture aux capitaux étrangers.
Raul Castro préconise surtout la fin de certaines aides dont la "libreta", le carnet de rationnement qui permet aux Cubains d’accéder à des produits de base subventionnés depuis les années 1960.
Autre réforme remarquée : le licenciement de plus d’un million de fonctionnaires d’ici 5 ans. A ce sujet, Raul Castro a souligné que "personne ne serait abandonné à son sort".
Sur le plan politique, le Premier secrétaire du PCC s’est montré aussi extrême, en prônant un fort dégraissage de la "nomenklatura" du parti, et en proposant que les dirigeants cubains ne puissent pas enchaîner plus de deux quinquennats. "Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il était recommandable de limiter à un maximum de deux périodes consécutives de cinq ans la durée des mandats politiques et des charges fondamentales de l'Etat", a affirmé le président.
Cette mesure viserait à rajeunir l’élite cubaine. Raul Castro a ainsi estimé que le gouvernement ne disposait pas d'"une réserve de remplaçants bien formés, dotés d'une expérience et d'une maturité suffisantes".
Un principe qu’il s’est dit prêt à s’appliquer à lui-même.
Inédit et audacieux, quand on songe que la plupart des dirigeants de l’île sont des gérontes issus de la génération qui a mené la révolution de 1959. Fidel Castro, 84 ans, en est la meilleure illustration : il a dirigé Cuba pendant près d’un demi-siècle avant de transmettre en 2008 la présidence à Raul, 80 ans.
Manifestations de soutien au régime
Les travaux du congrès, qui se déroulent à huis-clos, doivent permettre de définir les modalités concrètes d'application de ces réformes. Le PCC doit aussi élire les nouveaux membres de son comité central.
Quelques heures avant l’ouverture du congrès, un grand défilé militaire avait été organisé à La Havane pour le cinquantenaire de la baie des Cochons. Près de 500 000 Cubains ont à cette occasion manifesté leur soutien au régime castriste.
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