Cet article date de plus d'onze ans.

Qui sont les groupes islamistes qui tiennent le nord Mali ?

Les trois grandes villes du nord Mali où les forces françaises ont commencé dimanche à frapper les positions djihadistes sont sous le contrôle de trois groupes armés : Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) et Mujao (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'ouest). A Kidal, Gao et Tombouctou, ils avaient supplanté en juin dernier les rebelles indépendantistes touareg.
Article rédigé par Gilles Halais
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Reuters)

Aqmi, Ansar Dine, Mujao : "Tous
ces groupes ne forment pas une unité",
explique Jean-Yves Moisseron,
chercheur à l'IRD (Institut de recherche pour le développement) et rédacteur en chef
de la revue Maghreb-Machrek. On y trouve "des anciens combattants
maliens de Kadhafi, des touaregs indépendantistes, des trafiquants de drogue,
beaucoup de jeunes sans perspective dans ce pays",
ajoute-t-il.

"Tous ces groupes ne
partagent pas les mêmes objectifs politiques, n'ont pas la même vision de la
société"
mais "la première conséquence de cette intervention armée est de souder tous ces groupes dans une opposition radicale à la France",
analyse Jean-Yves Moisseron.

Pour l'instant, aucun lien, en particulier de commandement, n'existe entre
eux et ils ne sont pas tous présents sur l'ensemble du nord Mali.

Kidal, fief d'Ansar Dine

Située à l'extrême-nord du Mali, à 1.500 km de Bamako, c'est la
première ville conquise par les rebelles touareg alliés aux groupes islamistes
en mars 2012. Les touareg ont ensuite été évincés par leurs anciens alliés.

Kidal est aujourd'hui le fief d'Ansar Dine, un groupe apparu au grand jour en
2012, dirigé par Iyad Ag Ghaly, un ancien militaire, ex-figure historique des
rébellions touareg des années 1990 au Mali.

Dimanche, les frappes aériennes
françaises
ont visé une base arrière importante d'Ansar Dine à Aghabo, à 50 km de Kidal, qui abritait notamment
des dépôts de munitions et de carburant.

Gao, aux mains d'Aqmi

À 350 km au sud de Kidal et 1.200 km au nord-est de Bamako, Gao
est aux mains d'Aqmi (Al-Qaïda au Magheb islamique) depuis fin juin.

Les quatre chasseurs Rafale venus
de Saint-Dizier (Haute-Marne) ont pilonné dimanche plusieurs bases islamistes
de Gao et sa région
, visant des camps d'entraînement et des dépôts logistiques.
Les djihadistes, surpris en pleine réunion par les pilonnages, accuseraient de
lourdes pertes, au moins une soixantaine d'hommes, selon des témoins.

  • "Au nom d'Allah, nous allons frapper le cœur de la France. Partout. À
    Bamako, en Afrique et en Europe",* a lancé un responsable local du Mujao,
    Abou Dardar.

Tombouctou, patrimoine mondial détruit

Située à 900 km au nord-est de Bamako et 400 km à l'ouest de Gao, c'est une
ville-phare de la culture musulmane en Afrique, classée au patrimoine mondial
de l'Humanité
. Les djihadistes s'y sont illustrés à plusieurs reprises en
détruisant d'anciens mausolées de saints musulmans adulés par les populations
locales, mais considérés comme des "lieux d'idolâtrie" contraire à l'islam.

Tombouctou est un bastion d'Aqmi, qui y a mené ces derniers mois lapidations et
amputations, semant la terreur chez les habitants.

Tombouctou n'a pas encore été visée
par l'aviation française. Mais dimanche, des témoins sur place ont fait état
d'un "début de panique" parmi les familles des islamistes
partis au combat. Beaucoup tenteraient de fuir dans le désert.

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