Quelle riposte face au terrorisme international de Daech ?
Le gouvernement français a promis une riposte à la hauteur de l’"acte de guerre " commis en plein cœur et Paris et qui a visé aussi le Stade de France vendredi 13 novembre. C’est ce qu’a dit François Hollande. C’est également ce qu’a dit Manuel Valls. "La France est en guerre et il n’y aura pas un moment de répit pour ceux qui s’attaquent aux valeurs de la République ", a dit dimanche le Premier ministre qui a appelé plus que jamais au rassemblement et à l’unité de la nation.
L’union fera la force
Plusieurs pays appellent parallèlement depuis vendredi à une meilleure coordination. Un conseil d'urgence des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne se tiendra d’ailleurs vendredi prochain à Bruxelles, a annoncé la présidence luxembourgeoise.
Même tonalité au sommet du G20 en Turquie. Le projet de déclaration finale de ce sommet est axé sur l’union, l’unité dans la lutte contre le terrorisme. Les dirigeants présents ont réfléchi dimanche aux moyens de renforcer les contrôles aux frontières, de mieux échanger leurs informations. Ils se disent déterminer aussi à s’attaquer au financement du terrorisme. Barack Obama promet de redoubler d’efforts pour éliminer le groupe Etat islamique. Nous sommes, ajoute le président américain, confrontés à "une offensive terroriste concertée ". Cet acte terroriste n’est pas dirigé seulement contre la France mais contre "toute l’humanité ".
La guerre contre Daech pourra-t-elle se passer d'une intervention au sol ?
Des déclarations d’intentions qui devront être suivies d’actes concrets face à une menace toujours extrêmement forte. Et pour faire face à cette menace, "il y a un volet défensif sur le territoire national, relevant des moyens policiers, des services de renseignement, des moyens judiciaires, … et un volet offensif qui relève des moyens militaires ", explique sur France Info le colonel Michel Goya, analyste de défense et professeur à Sciences Po.
La France est engagée, avec la coalition, dans les frappes militaires en Syrie mais "il faut bien comprendre qu’on ne peut pas détruire l’Etat islamique sans aller au sol ", souligne Michel Goya. "Actuellement, nous avons une stratégie d’endiguement qui repose sur des frappes, sur des raids, on élimine, on tue, on fait une grosse pression en attentat que des éléments plus fondamentaux permettent d’étouffer le problème. Mais si on veut véritablement vaincre l’Etat islamique, il faudra planter les drapeaux sur Rakka et Mossoul ", poursuit-il.
En revendiquant l’attaque d’un avion de ligne de la compagnie Metrojet, Daech a récemment visé la Russie en représailles à son engagement en Syrie. Il frappe aussi le Hezbollah qui est l'un des principaux soutiens au régime de Damas. Et vendredi, ses actions simultanées en France ont fait au moins 129 morts. "Il y a une stratégie terroriste et spectaculaire à l’extérieur", constate Michel Goya* et parallèlement "une stratégie militaire qui est plutôt en recul sur le terrain* ". Les djihadistes de l’EI ont en effet perdu du terrain face aux Kurdes de Syrie et reculent face à ceux d'Irak qui ont récemment remporté la bataille stratégique de Sindjar, au nord de Mossoul.
Il faudrait "10 à 20 fois les moyens déployés au Mali "
Alors, faut-il aller vers un appui massif aux combattants kurdes ? "Oui, c’est ce que nous faisons déjà. Mais les Kurdes n’iront pas très loin non plus, pour des raisons matérielles et politiques. Ce n’est pas eux qui vont vaincre l’Etat islamique. Ce sont les adversaires pour l’instant plus efficaces et les plus redoutables contre le groupe Etat islamique mais ce ne sera pas suffisant ", explique Michel Goya.
Il donne un ordre de grandeur des moyens qui seraient selon lui nécessaires à faire tomber Daech : "Reconquérir aujourd’hui l’espace qui est occupé par l’Etat islamique, représente à peu près 10 à 20 fois ce que nous avons dû faire au Mali, pour simplement conquérir le terrain et ce ne sera qu’une partie du problème "...
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