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Violences interconfessionnelles en Egypte : 12 morts, réunion de crise du gouvernement

12 morts et plus de 200 blessés dans des affrontements entre musulmans et chrétiens au Caire hier soir. Ce sont parmi les plus graves violences inter-confessionnelles depuis la chute du régime Moubarak. Le Premier ministre a annulé un déplacement dans le Golfe et convoqué en urgence une réunion de crise.
Article rédigé par franceinfo
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Essam Charaf devait entamer ce matin une tournée aux Emirats arabes unis et à Bahreïn. Le Premier ministre égyptien est finalement resté au Caire pour animer une réunion de crise de son cabinet, après les violences inter-confessionnelles qui ont éclaté hier soir dans un quartier populaire du Caire.

A l’origine de ces affrontements, une rumeur a circulé dans le quartier d'Imbaba, faisant état de l'enlèvement d'une chrétienne mariée à un musulman et de sa détention dans une église contre sa volonté. Même si ces faits n’ont pas été confirmés, cette rumeur a provoqué la colère de musulmans qui ont alors marché sur cette église.

Des heurts ont suivi, des coups de feu ont retenti dans tout le quartier. Une autre église du quartier a été incendiée.
_ De nombreux soldats et des policiers anti-émeutes ont alors été déployés et ont tenté de disperser la foule à l'aide de gaz lacrymogènes. Sans toutefois réussir pendant plusieurs heures à ramener le calme et sans pouvoir empêcher la mort de 12 personnes. Plus de 200 personnes ont aussi été blessées, certains pas balles.

Ce matin, dans le quartier, des meubles jonchaient encore les trottoirs, témoin de la violence des événements. Les incendies dans les églises ont été éteints, mais les bâtiments son toujours encerclés par l'armée.

L'armée égyptienne a promis d'agir fermement contres les responsables de ces violences. 190 personnes vont d'ailleurs être déférées devant un tribunal militaire. Et plusieurs dirigeants religieux ont condamné ces affrontements, et se sont inquiété de l'escalade des tensions durant la période de transition. Le grand mufti Ali Gomaa a estimé que ces heurts "mettaient en danger la sécurité de l'Egypte".

La minorité copte stigmatisée par les salafistes

Depuis des mois, le pays enregistre une montée des tensions entre communautés, alimentée par des polémiques sur des femmes coptes qui seraient cloitrées par l’Eglise, pour les empêcher de se convertir à l’islam. Plusieurs manifestations à l'appel de salafistes ont eu lieu ces dernières semaines pour réclamer la libération notamment de deux épouses de prêtres. Toutes deux auraient quitté leur mari. Elles ont été raccompagnées chez elles par la police. Les Coptes assurent qu’elles ont en fait été enlevées par des mulsulmans.

Les Coptes, ou chrétiens d'Egypte, représentent entre 6 et 10% des quelque 80 millions d'Égyptiens. Présents dans le pays depuis les premiers temps du christianisme, avant l'ère islamique, ils s'estiment discriminés et de plus en plus marginalisés dans une société en grande majorité musulmane sunnite. Leur sentiment d'insécurité s'est aggravé depuis la chute du président
Moubarak, qui s'est traduite par une visibilité accrue du mouvement fondamentaliste salafiste.

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