Turquie : les ministres éclaboussés par un scandale de corruption démissionnent un par un
Vingt-quatre personnes, dont les fils des ministres turcs de l'Economie et de l'Intérieur, ont été inculpés pour corruption active, fraude, trafic illicite d'or et malversations.
"Je quitte mon poste de ministre de l'Economie pour que toute la lumière puisse être faite sur cette ignoble opération qui vise notre gouvernement."Mercredi 25 décembre, le ministre turc de l'Economie, Zafer Caglayan, a annoncé sa démission. Quelques minutes plus tard, son collègue à l'Intérieur, Muammer Güler, prenait la même décision, bientôt suivi par le ministre de l'Environnement et de l'Urbanisation, Erdogan Bayraktar.
Un scandale financier de grande ampleur
Vingt-quatre personnes, dont les fils des ministres de l'Economie et de l'Intérieur, ainsi que des hommes d'affaires et le PDG de la banque publique Halkbank, ont été inculpées et placées en détention préventive lors du week-end pour leur implication supposée dans un scandale financier de grande ampleur. La plupart sont accusées de corruption active, fraude, trafic illicite d'or et malversations.
Selon les médias turcs, les fils des deux ministres sont soupçonnés de corruption, de fraude et de blanchiment d'argent pour avoir participé à des ventes d'or et des transactions financières illégales entre la Turquie et l'Iran sous embargo. Le fils du ministre de l'Environnement, également démissionnaire, avait lui été brièvement détenu dans le cadre de cette enquête.
Un "complot" selon le parti au pouvoir
Le coup de filet, opéré par la police le 17 décembre, a ébranlé le prestige du gouvernement du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, dont le parti est au pouvoir depuis 2007 et qui s'était érigé comme le héros de la lutte anti-corruption dans le pays. Ce dernier a dénoncé un "complot" émanant d'une puissante confrérie religieuse qui était jadis son alliée, visant à déstabiliser le gouvernement à l'approche d'élections municipales en mars et présidentielle, en juin.
Dans le communiqué annonçant sa démission, le ministre de l'Economie, Zafer Caglayan a déclaré : "L'opération lancée le 17 décembre est clairement un complot hideux contre notre gouvernement, notre parti et notre pays."
"Je démissionne de mon poste de ministre et de député", a déclaré le ministre de l'Environnement Erdogan Bayraktar tout en affirmant n'avoir "rien à se reprocher" dans l'enquête. "De ce fait, je crois que le Premier ministre devrait aussi démissionner", a-t-il conclu.
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