Syrie : Bachar al-Assad change le gouvernement
C'est un petit changement sur un petit curseur. Dans une Syrie dirigée directement par son président, le gouvernement a peu de poids. Et sa démission est avant tout symbolique. Bachar al-Assad l'a acceptée cet après-midi, mais il a aussitôt reconduit le premier ministre sortant, Nadji Otari, en tant que chef du gouvernement par intérim, pour expédier les affaires courantes officiellement.
Bachar al-Assad lui-même devrait en dire plus demain : il doit prononcer dans la matinée un discours au Parlement. Ce sera sa première intervention publique depuis le début des troubles dans le pays.
_ Une nouvelle équipe devrait être nommée d'ici la fin de la semaine. Elle aura pour mission de mener à bien le programme de réformes que Bachar al-Assad doit annoncer incessamment, notamment l'abrogation de l'état d'urgence, la libéralisation de la presse et l'instauration du pluralisme politique, réclamées par le mouvement de contestation lancé il y a deux semaines en Syrie.
Cette concession lancée aux contestataires pour tenter d'éteindre l'incendie révolutionnaire a comme un air de déjà-vu. Zine ben Ali en Tunisie et Hosni Moubarak en Egypte ont tenté eux aussi de lâcher un peu de lest en espérant que les choses en resteraient là. Sans succès. La manœuvre semble d'autant moins garantie que face à la répression, qui a fait plus de 60 morts, selon les bilans les plus optimistes, les slogans des manifestants se sont durcis. Ils appellent à présent à la chute du régime. Et la contestation, partie de de Deraa, s'est étendue à d'autres villes.
Autre carte que le pouvoir a abattu aujourd'hui : les contre-manifestations. La télévision officielle a montré des foules brandissant des portraits de Bachar al-Assad, scandant des slogans du type : “par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, Bachar !” Mais là aussi, la manœuvre a un air de déjà-vu.
Grégoire Lecalot, avec agences
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