Pour mettre fin aux violences, Bahreïn demande l'aide militaire des pays du Golfe
Hier, les affrontements entre manifestants chiites, qui représentent plus de 70% de la population, et forces de l'ordre ont été d'une violence sans précédent depuis le 17 février, date à laquelle sept personnes avaient été tuées par l'armée.
_ Après avoir tenté de repousser les protestataires pendant plusieurs heures, la police a reculé et de jeunes manifestants ont dressé des barricades en travers de l'avenue qui conduit au quartier d'affaires Financial Harbour de Manama.
Ces barricades sont toujours en place. Les manifestants ont contrôlé ce matin les voitures à l'entrée de la place de la Perle, haut lieu de la contestation.
De l'autre côté de l'avenue, les policiers ont mis en place un barrage pour empêcher les véhicules de rejoindre le quartier d'affaires en provenance de l'aéroport. Aucun soldat, bahreïni ou autre, n'était visible dans la capitale.
L'opposition chiite parle de déclaration de guerre
“Des forces du CCG” (Conseil de coopération du Golfe) “sont arrivées à Bahreïn pour maintenir l'ordre et la sécurité” (plus d’un millier de soldats), a déclaré Nabil al Hamer, ex-ministre bahreïni de l'Information et conseiller auprès de la cour.
Outre Bahreïn, le CCG comprend l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar et Oman. Le CCG est une alliance militaire, économique et politique mise en place en 1984.
Dans tous les cas, une force du CCG serait composée pour l'essentiel par l'Arabie saoudite, jugent analystes et diplomates.
Le royaume wahhabite surveille la contestation à Bahreïn avec inquiétude, redoutant une contagion à ses provinces orientales riches en pétrole où habite une importante minorité chiite et où de petites manifestations ont déjà eu lieu.
L'appel au CCG est un risque pris par le royaume, estiment des analystes. “Les chiites des Etats à forte population chiite, le Koweït et l'Arabie saoudite en particulier, pourraient intensifier leur propre mouvement de contestation”, déclare Ghanem Nouseibeh, du cabinet de consultants Cornerstone Global.
“L'agitation à Bahreïn pourrait potentiellement se transformer en violences religieuses au niveau régional.”
S'exprimant hier à Ryad, le secrétaire général du CCG, Abdoul Rahman al Attiyah, a déclaré qu'il était de la responsabilité du bloc régional d'assurer la sécurité et la stabilité d'un pays membre.
_ Dans une allusion à l'Iran, principale puissance chiite dans la région, il a ajouté que le CCG rejetait toute ingérence étrangère à Bahreïn. Le royaume sunnite accuse l'opposition bahreïnie d'être aidée par la République islamique, ce que démentent les manifestants.
Mikaël Roparz, avec agences
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