Irak : reconstruire les enfants prisonniers de Daech
En Irak, des centaines de yézidis ont été persécutés par Daech. Parmi eux, des enfants qui doivent aujourd'hui tenter de se reconstruire. L'association française EliseCare, en mission dans le nord du pays, les accompagne dans ce travail.
Ils ont encore les traits de l'enfance, les mains potelées de leurs 10 ans, l'application des écoliers, mais ces garçons et fillettes ne sont pas en classe. Ils sont en séance de psychothérapie dans un camp de réfugiés, au nord de l'Irak. Des armes, des tirs, des barreaux, du sang sur les corps, des hommes à terre : tous dessinent la violence vécue sous Daech. À l'écart, cet orphelin raconte comment les combattants du groupe État islamique l'ont embrigadé de force à l'âge de 10 ans. Dans cette boîte, les dessins, les pires souvenirs, seront enfermés. Des applaudissements pour tenter de tourner la page. Mais il y a un événement que ce garçon ne veut pas mettre dans la boîte. Il en est très fier. "Un jour, j'ai fait pipi dans la nourriture des jihadistes dans le camp d'entraînement", raconte-t-il. Un acte d'insoumission du haut de ses 10 ans à l'époque, et le détachement sidérant d'un enfant confronté à une extrême violence.
1 500 enfants yézidis prisonniers en Syrie
Un peu plus tard, un autre atelier, et ce même garçon dessinant cette fois des arcs-en-ciel. Élise Boghossian, une Française, a fondé l'association EliseCare, qui finance la thérapie de ces enfants. Cette adolescente a aujourd'hui 13 ans. Elle raconte son calvaire à la psychologue. Elle avait 11 ans quand elle a été capturée, séparée de ses parents et revendue à deux reprises à deux combattants différents. Les enfants réfugiés dans ce camp sont yézidis, une minorité que les jihadistes ont réduit à l'esclavage. Un père de famille raconte comment il a littéralement racheté sa femme et ses enfants, capturés par Daech. 38 000 € versés à des passeurs, une somme colossale qu'il a dû emprunter. Il sera remboursé par les autorités kurdes qui gèrent la région. Un bureau a été créé pour aider les familles et financer le rachat des enfants. Quelque 1 500 enfants yézidis sont aujourd'hui encore prisonniers de Daech en Syrie.
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