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Chute de Raqqa : "L'État islamique est en train d'évoluer vers un mouvement qui n'a plus de sanctuaire"

Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, a réagi dimanche à la bataille de Raqqa. Selon lui, "100 à 150 jihadistes se sont rendus", pour la majorité, "des Syriens qui viennent d'autres mouvements".

Article rédigé par franceinfo
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Une explosion près d'un stade où des soldats de l'État islamique se sont réfugiés, après un bombardement de la coalition à Raqqa, en Syrie, le 12 octobre 2017. (ERIK DE CASTRO / REUTERS)

La bataille pour prendre Raqqa aux forces jihadistes entre dans sa "phase finale" selon les combattants des Forces démocratiques syriennes, 90% de la ville a été reprise aux hommes de Daesh. Il y a entre "100 et 150 jihadistes qui se sont rendus" a déclaré dimanche 15 octobre sur franceinfo, Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève.

Il y a parmi eux des "jihadistes qui sont de nationalité étrangère surtout européenne, mais aussi de certains pays arabes comme la Tunisie" a-t-il ajouté, mais "la majorité, ce sont des Syriens". "L'Etat islamique va chercher un repli sur d'autres localités", il "est en train d'évoluer vers un mouvement qui n'a plus de sanctuaire", a précisé Hasni Abidi.

franceinfo : qui sont ces jihadistes qui semblent s'être rendus ?

Hasni Abidi : On a à peu près le chiffre de 100 à 150 jihadistes qui se sont rendus. La majorité, ce sont des Syriens qui viennent d'autres mouvements et qui ont rejoint l'État islamique quand elle avait des forces très importantes et en position de gagner. Mais on a aussi des doutes sur les jihadistes qui sont de nationalité étrangère, surtout européenne, et de certains pays arabes comme la Tunisie. On peut dire que le gros des troupes, ce sont des combattants syriens qui ont accepté de s'embarquer dans des bus affrétés spécialement.

On parle d'un accord qui aurait été négocié pour faire partir des jihadistes étrangers, européens et donc des Français aussi ?

Absolument. Je pense qu'il y a une autre bataille qui est autour de cette ville. Et les principaux protagonistes sont les services de renseignements européens, français, mais aussi britanniques, belges et plusieurs pays arabes. On sait que la sortie sécurisée de plusieurs dizaines de combattants de l'État islamique de nationalité européenne risque de constituer une menace pour ces pays-là, donc il y a une volonté d'être là pour contrôler la prochaine destination, officiellement Deir Eizzor, Beaucoup de pays européens veulent trouver une solution parce qu'on sait que la sortie sécurisée de ces éléments-là ne signifie pas la fin de la menace pour certains États européens.

La bataille de Raqqa dure depuis quatre mois. Combien de temps peuvent encore tenir les jihadistes acculés dans les dernières poches de résistance ?

Difficilement, pas plus de trois ou quatre semaines. On sait que les forces démocratiques syriennes appuyées par la coalition internationale ont gagné plus de 80 % (…). Gagner ne veut pas dire consolider cette victoire. On essaye de penser plutôt à une entente entre la participation arabe et la participation kurde qui est majoritaire dans cette coalition. On espère que cette coalition ne vole pas en éclat une fois que la ville sera contrôlée. C'est pourquoi il y avait cette idée très intéressante et positive de confier la gestion municipale à un conseil civil composé de notables et de chefs de tribus pour éviter le vide et les conflits internes une fois que l'État islamique sera complètement délogé. Ça va être un vrai tournant dans la vie de Daesh, parce que Raqqa est tout de même la capitale de l'État islamique en Syrie. C'est un lieu sécurisé pour préparer organiser et ordonner les attentats qu'on a connus en Europe. Probablement, l'État islamique va chercher une autre stratégie, un repli sur d'autres localités, d'autres poches de résistance. Il est en train d'évoluer vers un mouvement qui n'a plus de sanctuaire.

"L'État islamique va chercher une autre stratégie, un repli sur d'autres localités, d'autres poches de résistance" Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à franceinfo.

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