Moubarak, 30 ans au pouvoir sans partage
Il avait fini par se croire indéboulonnable... Quand on réchappe à au moins six tentatives d'attentat, quoi de plus normal ? C'est finalement la rue qui aura eu raison des quelque trente années passées à la tête de l'Egypte.
_ Hosni Moubarak a démissionné ce soir, sans gloire. Un peu contraint et forcé.
Quel contraste avec ce commandant en chef des forces aériennes, qui devient vice-président de l'Egypte en 1975, puis président en 1981, après l'assassinat de Sadate par des islamistes. Président par intérim le 6 octobre, puis président élu le 13, avec 98,5% des voix, lors d'une élection anticipée.
_ Seule l'Histoire jugera, disait-il encore il y a quelques semaines.
Que retiendra l'Histoire, justement ? D'avoir évité le chaos, à la mort de Sadate. D'avoir circonscrit la menace islamiste. D'avoir tenu le pays à l'écart des conflits régionaux. D'avoir renoué avec le reste du monde arabe malgré un accord de paix avec Israël en 1979. D'avoir maintenu l'alliance stratégique avec les Etats-Unis, qui permet à son pays de voir sa dette allégée et de bénéficier d'une aide militaire et civile cruciale.
Mais à quel prix ? L'état d'urgence, décrété en 1981 après l'assassinat de Sadate, n'a jamais été levé.
_ Malgré un certain décalage économique, quelque 40% de la population vit avec moins de deux dollars par jour, selon des statistiques internationales - et le pays est mis en cause pour des affaires de corruption.
Les dernières élections législatives, en novembre 2010, sont encore moins honnêtes que toutes les précédentes - le parti au pouvoir remporte 90% des sièges ; les Frères musulmans perdent leurs 88 députés élus cinq ans plus tôt : c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
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