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Témoignages "On a l'impression qu'être noire, c'est un péché" : au Liban, des travailleuses africaines dénoncent un racisme systémique

Ces femmes de ménage ou agentes d'entretien sont l'une des principales forces de travail du pays. Elles racontent à franceinfo les remarques et gestes humiliants qu'elles subissent en raison de leur couleur de peau. Certains commerces et plages leur sont même interdits.
Article rédigé par franceinfo - Noé Pignède
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Une femme originaire de Sierra Leone, employée de ménage, chez elle à Beyrouth (Liban), en septembre 2022 (photo d'illustration). (ADRI SALIDO / ANADOLU AGENCY)

Chloé, camerounaise de 29 ans, est femme de ménage dans un jardin d'enfants. Dès son arrivée au Liban en 2018, elle a été confrontée au racisme de ses employeurs : "On nous a dit clairement qu'on n'a pas le droit de toucher les enfants. On a l'impression qu'être noir, c'est un péché. J'ai pleuré parce qu'on te rappelle que tu es Africaine. On te rappelle que noir égale saleté". Comme elle, plusieurs centaines de milliers de personnes originaires d'Afrique ont émigré au pays du Cèdre pour trouver un emploi. Ces travailleurs - des femmes pour la plupart - sont nombreux à dénoncer le racisme dont ils sont victimes.

Des bars, des cafés interdits aux personnes noires

Chloé raconte que certains parents prennent une grande inspiration, puis se bouchent le nez lorsqu'ils passent à côté d'elle. Annabelle Yung Gannon est franco béninoise, métisse. Elle a également été confrontée à ce type de comportement : "Ça faisait un moment que je côtoyais une salle de sport avec une coach et j'ai vu qu'elle commençait à 'sprayer' du déodorant. Je suis la seule métisse de la salle de sport, pour elle, c'était évident que c'était moi qui avais une odeur corporelle forte parmi les cinq ou six autres personnes qui étaient présentes". 

Un racisme assumé par la coach sportive. "Elle a envoyé un message à une de mes collègues qui prenait aussi des cours avec elle en lui disant qu'elle savait très bien comment étaient les odeurs des métisses et des noirs puisqu'elle même avait des personnes métisses dans sa famille", se souvient Annabelle . Membre de l'ONG libanaise Anti-Racism Movement, la jeune femme dénonce des discriminations systémiques dans le pays : "Il y a des bars, des cafés, des plages aussi interdites aux personnes noires".

La loi libanaise ne condamne pas expressément la ségrégation raciale, il est donc quasiment impossible de porter plainte. 

Au Liban, des travailleuses africaines dénoncent un racisme systémique, le reportage de Noé Pignède

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