: Témoignages "On a l'impression qu'être noire, c'est un péché" : au Liban, des travailleuses africaines dénoncent un racisme systémique
Chloé, camerounaise de 29 ans, est femme de ménage dans un jardin d'enfants. Dès son arrivée au Liban en 2018, elle a été confrontée au racisme de ses employeurs : "On nous a dit clairement qu'on n'a pas le droit de toucher les enfants. On a l'impression qu'être noir, c'est un péché. J'ai pleuré parce qu'on te rappelle que tu es Africaine. On te rappelle que noir égale saleté". Comme elle, plusieurs centaines de milliers de personnes originaires d'Afrique ont émigré au pays du Cèdre pour trouver un emploi. Ces travailleurs - des femmes pour la plupart - sont nombreux à dénoncer le racisme dont ils sont victimes.
Des bars, des cafés interdits aux personnes noires
Chloé raconte que certains parents prennent une grande inspiration, puis se bouchent le nez lorsqu'ils passent à côté d'elle. Annabelle Yung Gannon est franco béninoise, métisse. Elle a également été confrontée à ce type de comportement : "Ça faisait un moment que je côtoyais une salle de sport avec une coach et j'ai vu qu'elle commençait à 'sprayer' du déodorant. Je suis la seule métisse de la salle de sport, pour elle, c'était évident que c'était moi qui avais une odeur corporelle forte parmi les cinq ou six autres personnes qui étaient présentes".
« Rare sont les personnes qui tolèrent cela, qui nous tolèrent. Ils ne nous tolèrent pas, ils n’ont pas d’autres choix. Ils ont déjà en tête qu’ils doivent nous traumatiser dès qu’ils le peuvent. »
— Anti-Racism Movement | حركة مناهضة العنصرية (@ARM_Leb) December 7, 2022
Les témoignages complets: https://t.co/YET8H0cnRd
Illustration par: Aude Nasr pic.twitter.com/XuYeB57B7q
Un racisme assumé par la coach sportive. "Elle a envoyé un message à une de mes collègues qui prenait aussi des cours avec elle en lui disant qu'elle savait très bien comment étaient les odeurs des métisses et des noirs puisqu'elle même avait des personnes métisses dans sa famille", se souvient Annabelle . Membre de l'ONG libanaise Anti-Racism Movement, la jeune femme dénonce des discriminations systémiques dans le pays : "Il y a des bars, des cafés, des plages aussi interdites aux personnes noires".
La loi libanaise ne condamne pas expressément la ségrégation raciale, il est donc quasiment impossible de porter plainte.
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