"Si j'y pense, je me mets à pleurer tout de suite": la mort dans l'âme, ils se résignent à quitter le Liban dévasté par la crise économique
La livre libanaise s'effondre, les prix explosent. Plongé dans une crise économique et financière sans précédent, le Liban se vide de ses habitants.
Dans le cabinet du Dr Fayad, à Beyrouth, au Liban, les enfants défilent. Une soixantaine, chaque semaine, pour ce pédiatre franco-libanais qui a vu ses revenus divisés par cinq avec l'effondrement de la livre libanaise. "J'ai une famille avec deux enfants qui font leurs études en France et aussi nos parents à gérer parce qu'au Liban, il n'y a pas de retraite. Et leur argent qui est à la banque, ils n'y ont plus accès, raconte le médecin. Sur le plan financier, cela devient ingérable."
En quelques mois, le Liban a connu une dépréciation historique de sa monnaie nationale et désormais les prix explosent. Le pays fait face à sa pire crise économique depuis la fin de la guerre civile. Le climat social et le climat politique sont devenus explosifs et aujourd'hui, un Libanais sur deux est passé sous le seuil de pauvreté.
Quitter le pays pour ne pas sombrer avec lui
Le Dr Fayad a fait ses études en France avant de revenir au Liban pour vivre dans son pays d'origine et participer à son développement. Mais vingt ans plus tard, il quitte le Liban pour ne pas sombrer avec lui. "On a encore cette chance de pouvoir partir même à plus de 50 ans, explique-t-il. De pouvoir redémarrer quelque chose de nouveau, c'est possible. Mais en même temps, c'est un déchirement parce que pour moi, c'est 20 ans d'investissement. Et si j'y pense, je me mets à pleurer tout de suite."
Aujourd'hui, mon salaire ne vaut plus qu'un tiers de ce qu'il valait avant. Couplé avec l'inflation, c'est devenu intenable.
Alexis, expatrié français à Beyrouthà francienfo
Des Libanais quittent leur pays et des expatriés s'en vont également. Français, Alexis est arrivé en 2015 pour travailler dans une startup. "Les amis qui s'en vont les uns après les autres, ça se vide. Ça n'aide pas à se dire 'on va attendre, ça va passer, puis ça ira mieux après'.''
Tous les métiers sont concernés
Tout en bas de l'échelle, il y a aussi les petites mains du Liban, des femmes de ménage ou babysitters venus d'Afrique et du sous-continent indien pour travailler. "Chaque mois, j'envoyais 400 dollars mais je ne peux plus, déplore Chandra, une Srilankaise qui a passé quinze ans au Liban. Je n'ai même pas assez pour moi. C'est impossible de rester ici." Chandra partira, elle aussi, cet été avec un billet d'avion payé par son employeur. Une chance, car dans le pays nombre d'étrangers doivent se débrouiller seuls, renvoyés ou même parfois abandonnés dans la rue par des patrons qui ne peuvent plus les payer.
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