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Liban : la crise des ordures déborde sur la classe politique
Depuis plus d’un mois, les ordures ménagères envahissent les rues de Beyrouth.
La principale décharge du pays est pleine et le contrat de la compagnie privée chargée de la gestion des déchets n’a pas été reconduit. Le gouvernement a été incapable de trouver une solution à la crise. Une de plus dans le pays du Cèdre miné par la «mal gouvernance» et les divisions politiques.
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Si au Liban, l’argent n’a pas d’odeur, les poubelles elles, dégagent depuis des semaines un reflux pestilentiel qui a fini par provoquer la colère des habitants de la capitale Beyrouth. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées le week-end du 22 août 2015 dans le centre- ville à l’appel d'un nouveau mouvement de contestation baptisé en arabe «Toleet rihetkoun» (Vous puez). Il vise le gouvernement et la classe politique en général qu’ils accusent de corruption et de mal gouvernance. «Depuis des années, les politiques remplissent leurs poches et maintenant ils ne sont plus capables de vider les poubelles » affirme une manifestante», Rita, 40 ans.
Ras-le-bol
L’entassement des ordures est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Plus de 25 ans après la fin de la guerre, l’électricité et l’eau ne fonctionnent pas normalement dans ce petit pays de quatre millions d'habitants. «Des millions de dollars ont été dépensés pour réparer les réseaux et le délestage continue. On doit payer un abonnement à un générateur électrique et payer un camion-citerne pour recevoir de l’eau» rappelle Naji, un père de famille de 35 ans qui a rejoint le mouvement «Vous puez».
Mobilisation et violences
La colère a commencé sur les réseaux sociaux où les jeunes Libanais tournaient déjà en dérision leurs dirigeants politiques qu’ils comparaient à des ordures «difficiles à recycler».
Les critiques se sont transformées en mouvement social rassemblant des Libanais de toutes confessions qui sont descendus dans les rues de Beyrouth pour réclamer «leurs droits» le «changement» et même «la chute du régime». Une mobilisation pacifiste infiltrée par des «fauteurs de troubles» qui a donné lieu à des heurts violents.
Un Etat qui se cherche
Ce climat de colère et de tension intervient sur fond de blocage politique. Le Liban est sans président depuis plus d’un an. Le Parlement est paralysé par les divisions des deux principaux courants politiques, Le Hezbollah chiite soutenu par Damas et Téhéran et le Courant du Futur sunnite, appuyé par l’Arabie Saoudite et l’Occident n’arrivent pas à s’entendre sur le nom du prochain chef de l’Etat. En attendant, le gouvernement d’ «union nationale» qui dirige le pays est dépassé par cette crise des déchets domestiques.
«Ce qui pose vraiment problème, c’est les ordures politiques», résume le Premier ministre Tamam Salam qui dénonce les moyens limités dont dispose son gouvernement...
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