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La présence chrétienne au Liban, Etat arabe multiconfessionnel

Le pape est au Liban du 14 au 16 septembre 2012. Un voyage symbolique pour les chrétiens d’Orient, plongés dans la tourmente régionale. Retour sur la présence chrétienne dans ce pays arabe de plus de quatre millions d'habitants.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le Pape Benoît XVI et le président libanais Michel Sleiman, représentés sur un timbre. (DR)

Guerre civile en Syrie, révolution en Egypte, conflit israélo-palestinien, départs de chrétiens d’Irak, progression de l’islamisme au dépend de la laïcité… Les chrétiens d’Orient – une quinzaine de millions de personnes – ont de quoi être inquiets des bouleversements qui touchent le Proche-orient.

«Malgré toutes les difficultés, vous êtes là depuis des siècles, vous êtes chez vous et c'est là que vous devez fleurir.»Tel est le message que Benoît XVI entend délivrer à cette communauté, selon le Vatican. «C’est un voyage du cœur pour le pape » dans le berceau du christianisme, «c’est aussi un voyage dans une région qui est le théâtre d’enjeux malheureusement négatifs et dangereux », résume Giovanni Maria Vian, le directeur de l’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican.

Les chrétiens du Liban
La population, environ 4,6 millions de personnes enregistrées comme Libanais (résidents et non-résidents), se répartit essentiellement entre chrétiens (34,9%) et musulmans (64,64%). Les chrétiens sont partagés entre plusieurs confessions (maronites, orthodoxes, arméniens catholiques…), nées de l’histoire complexe de la région et du christianisme.

Les chrétiens du Liban ont de quoi être inquiets, même si dans ce pays la situation est relativement calme malgré son enclavement entre la Syrie et Israël. Les mouvements qui secouent le monde arabe déstabilisent les équilibres existants. En Irak, les chrétiens ont été victimes d’attentats et leur nombre a fortement baissé. En Egypte, les coptes ont subi des violences au plus fort de la révolution et, dans tous les pays arabes où des chrétiens sont présents, la montée de l’islamisme, n’est pas pour les rassurer.

 

 

Reportage France 3 de Philippe Castel, diffusé le 13 septembre 2012


Une longue histoire
La présence de chrétiens au Liban, en particulier, et au Proche-orient, en général, s’explique par l’Histoire et la géographie. C’est en effet sur les bords de la méditerranée orientale qu’est né le christianisme dans les pas de Jésus.

«Après Jérusalem, la première église fondée par Pierre est celle d’Antioche où les croyants reçurent le nom de chrétien. Pratiquement toute la Syrie était chrétienne lors de l’invasion arabo-musulmane», rappelait en 2006 le recteur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, monseigneur Patrick Jacquin.

Le Liban a été créé après la guerre de 1914 sur les ruines de l’empire Ottoman, alors que la France exerçait un «mandat» de la Société des Nations sur la région de la «Grande Syrie». Proclamé en 1920 par le mandataire français, l’Etat du «Grand Liban» s’est fait  en partie sur les bases de la province autonome du Mont-Liban, créée en 1861 après des troubles religieux et sur intervention des grandes puissances européennes de l’époque. Le pays n'est devenu véritablement indépendant qu'en 1943.

La principale communauté chrétienne du Liban est l’église maronite. Le chef de cette église catholique porte le titre de Patriarche maronite d'Antioche et de tout l'Orient. Il a sa résidence à Bkerké, au Liban. Le nom de maronite vient de Saint Maron, un ermite vivant en Syrie au IVe siècle.  

Un système communautariste
Le Liban est un Etat multiconfessionnel basé sur un système de quotas. «C’est le seul Etat de la région qui a inscrit le multiconfessionnalisme dans sa Constitution», précise L'Orient le Jour, journal libanais. Depuis les accords de Taëf (1989), mettant fin à la guerre civile, les sièges du parlement se répartissent à égalité entre chrétiens et musulmans : 64 sièges sont réservés pour les chrétiens, soit autant que pour les musulmans (contre 54 chrétiens pour 45 musulmans avant Taëf).

Les chrétiens ont des sièges dans tous les districts du Liban. De plus, le président (aujourd'hui Michel Sleiman) est forcément chrétien maronite, et les vice-Premier ministre et vice-président du parlement, grecs orthodoxes. Le général en chef de l'armée libanaise est maronite. Le Premier ministre doit être obligatoirement sunnite alors que le président de l'assemblée nationale doit être chiite.

Cette répartition n’empêche pas que les alliances au pouvoir dépassent les frontières religieuses. Ainsi, l’actuel gouvernement libanais regroupe le Hezbollah (chiite) et le Courant patriotique libre de Michel Aoun (chrétiens). Une alliance qui comporte aussi le Parti national syrien (parti laïque pro-syrien).

Retour en image sur le passé troublé du Liban
En 2004, l'angoisse des chrétiens était patente. Après 15 ans de guerre (1975-1990), Ils fuyaient en masse le Liban, convaincus alors qu'ils n'avaient plus leur place dans leur pays.

 

 

Reportage France 3 de Michel Saïkali et Georges Minangoy, diffusé le 25 décembre 2004

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