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Kamikaze-martyr ou assaillant en plongée, 2 modes opératoires pour un djihadisme

En revendiquant l’attaque kamikaze de Nice, l’organisation de Etat islamique poursuit sa stratégie d’attaques tous azimuts après les revers subis en Irak et en Syrie. Depuis la chute de Falloujah, elle a relancé les tueries dans la région et le monde pour prouver que ses capacités de frapper étaient intactes. Le mode opératoire de l’attentat de Nice s’apparente à celui de l’assaillant en plongée.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des fidèles saoudiens rassemblés autour du lieu de l'explosion d'un kamikaze, près de la mosquée du prophète à Médine, le 4 juillet 2016. (Noor Punasiya/AP/SIPA)

 
Revendiquées ou pas, une multitude d’opérations suicides ont semé la mort et la terreur dans les pays à la périphérie d’un Etat islamique virtuel et mouvant entre l'Irak et la Syrie.
 
Desserrer l'étau des coalitions arabe, américaine et russe
Objectif non déclaré mais observable, desserrer l’étau des coalitions arabe, américaine et russe et disséminer les fronts pour prouver que la nébuleuse djihadiste est toujours en position au moins de nuire.
 
Attentat en Jordanie, chapelet d’explosions kamikazes à al-Qaa au Liban, séries d’attaques suicides à Istanbul en Turquie , Dacca au Bangladesh et en Arabie Saoudite, y compris dans la ville sainte de Médine, ou camion suicide meurtrier à Bagdad, tous n’ont pas fait le même nombre de victimes mais tous portent, selon les autorités locales, la marque de Daech.
 
Deux modus operandi, "inghimassi" et "istichhadi"
Tous n’ont pas non plus le même mode opératoire, mais correspondent à une classification connue et répandue depuis quelques années. Dans la terminologie djihadiste, il existe en effet deux manières d’opérer dont une n’est pas nécessairement suicidaire.
 
Certaines revendications, comme celle de l’attaque de Dacca, via l’organe Amaq qui sert de boîte aux lettres à l’EI, font état d’attaques dites «en plongée». Dans ces cas, le combattant est présenté comme un «inghimassi», c'est-à-dire un assaillant en profondeur.

Tel que défini sur les sites djihadistes, l’inghimassi «est un combattant de haut niveau, il porte une ceinture d’explosifs mais il est également équipé d’armes légères. Il doit combattre jusqu’à épuisement de ses munitions et se fait exploser si la situation le nécessite.»
 
Mission de cet assaillant: infliger le plus grand nombre de morts et blessés à l’ennemi tout en sachant que les chances qu’il a de s’en tirer sont infimes. Ce qui le différencie de l’appellation de «istichhadi», c'est-à-dire le kamikaze-martyr.
 
Par définition, l’istichhadi est «un moujahid (combattant du djihad) équipé seulement d’une ceinture d’explosifs ou bien au volant d’un véhicule piégé. Il pénètre le nid des ennemis et se fait exploser sans engager de combat avec eux.»

La recrudescence des attentats suicides, un mauvais présage 
«En résumé, selon ces définitions, l’inghimassi est un istishhadi, mais l’inverse n’est pas vrai». Comprendre que le kamikaze-martyr n’a aucune chance de se sortir vivant de l’opération qu’il mène comme cela peut être le cas pour l’assaillant en plongée.
 
Cette nouvelle donne, notamment en Irak, fait craindre le pire à Patrick Skinner du groupe Soufan de conseil en sécurité cité par l’AFP. «Cela est désormais clair, dit-il, et de nouvelles attaques sont malheureusement à prévoir.»
 
Pour cet ancien officier de la CIA, l’attentat dans le quartier commerçant de Karrada en plein cœur de la capitale irakienne montre que l’EI, après avoir tenté de créer un proto-Etat, est en train de «redevenir un groupe terroriste». «Karrada, a-t-il conclu, montre malheureusement ce qui devrait se produire à l’avenir.»

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