"Il faut continuer à mettre la pression pour former le gouvernement que le peuple veut " : les Libanais restent mobilisés malgré la démission du Premier ministre
Au treizème jour de contestation, le Premier ministre libannais Saad Hariri a remis sa démission sous les applaudissements de la foule. Mais la contestation vise l'ensemble de la classe politique.
Dans le centre-ville de Beyrouth, l'ambiance ce mardi soir est à la fête, malgré de violents accrochages avec les miliciens des partis Amal et Hezbollah quelques heures plus tôt. Des milliers de Libanais célèbrent la démission du Premier ministre Saad Hariri survenue mardi 29 octobre.
"Dans mes rêves les plus fous, je ne pouvais pas aspirer à ça. Le gouvernement a chuté", explique l'un des manifestants, la voix éraillée. "Demain on s'attend à une marée humaine pour dire non à la corruption, non à la violence, non aux milices iraniennes." La rue a fini par faire tomber le pouvoir après deux semaines de contestation pendant lesquelles les manifestants réclamaient le départ de l'ensemble de la classe politique, considérée comme incompétente et corrompue.
"Il n'y a pas de révolution qui se termine en deux semaines"
Dans un pays où les pénuries d'eau et d'électricité sont chroniques et où plus d'un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, la chute de Saad Hariri ne marque qu'une première étape. Comme beaucoup de Libanais mobilisés, Alexandre, 30 ans, demande la fin d'un système politique tout entier : "Maintenant que le gouvernement est tombé, il faut continuer à mettre la pression pour former le gouvernement que le peuple veut : un gouvernement d'experts, de technocrates et pas juste un petit remaniement de partis politiques où on enlève une ou deux personnes et on change les casquettes".
Dans un pays où cohabitent 18 confessions religieuses, le spectre de la violence communautaire n’est jamais loin. Le Hezbollah puissant parti chiite soutenu par l’Iran a menacé les manifestants à plusieurs reprises. Certains, comme Faten 27 ans sont sceptiques.
Je ne suis pas très optimiste. Nous dans la rue, on ne sait pas vraiment ce qu’on représente ou ce qu’on veut.
Fatenà franceinfo
"On n’a pas grand chose en commun et on entre là dans une nouvelle phase où il ne vas pas y avoir de gouvernement, poursuit Faten. Vous pouvez voir plein de gens ici, d’apparence très ouverts mais on vient tous d’un environnement. Sur Facebook et dans nos familles, on entend des choses terrifiantes, il y a beaucoup de menaces."
Pour Waffa une dentiste de 55 ans, le mouvement de protestation ne fait que commencer : "Il n'y a pas de révolution qui se termine en deux semaines, ça va prendre du temps." En attendant d'obtenir de nouvelles élections, les manifestants restent donc mobilisés partout dans le pays.
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