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Au Liban, Marine Le Pen vante «la politique réaliste» de Bachar al-Assad

Le Liban est-il devenu une étape incontournable dans la course à la présidence française ? Après le passage d’Emmanuel Macron et le ratage de François Fillon, c’est au tour de Marine Le Pen de faire le pèlerinage au pays des cèdres. En quête d’envergure internationale, la présidente du Front National n’a trouvé que le président libanais, élu sous caution syro-iranienne, pour répondre à sa demande.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
En compagnie du député apparenté Front National, Gilbert Collard, Marine Le Pen, présidente de ce parti français d'extrême droite, reçue le 20 février 2017  au palais de Baabda par le président libanais Michel Aoun. Le seul chef d'Etat en exercice à avoir accepté de la recevoir.  (Anwar AMRO/afp)

Hormis un entretien avec le premier ministre polonais Witold Waszczykowski en janvier 2017, avec le premier ministre égyptien, de l’époque, Ibrahim Mahlab, en juin 2015, et l’échec d’une tentative de rencontrer à New York l’administration de Donald Trump , dont elle avait pourtant été la première à saluer l’élection, Marine Le Pen est dénuée de tous contacts internationaux lui conférant une stature de présidentiable.

Engluée dans une affaire d’emploi fictif au Parlement européen, soupçonnée de chercher de l’aide financière pour sa campagne auprès des banquiers de Vladimir Poutine, la présidente du Front National s’est rendue au Liban, devenu brusquement une sorte de canal de communication obligé pour les candidats à la présidence française.
 
Marine Le Pen réussit là où son père a échoué en 2002
Après l’ancien ministre des Finances, Emmanuel Macron, qui s’y était rendu le 25 janvier 2017, et l’annulation du déplacement en février du candidat Les Républicains, François Fillon, pour cause, lui aussi, d’emploi fictif, Marine Le Pen veut réussir là où son père avait jadis échoué.
 
Contrairement à Jean Marie qui n’avait réussi à rencontrer en 2002, ni le président de l’époque, Emile Lahoud, ni le premier ministre, Rafic Hariri, avant son assassinat en 2005, Marine a été reçue le 19 février 2017 par le président Michel Aoun au palais de Baabda.
 
«Nous avons évoqué la longue et fructueuse amitié entre nos deux pays», a-t-elle déclaré à l’issue de son entretien d’une demi-heure avec le premier chef d’Etat étranger qui ait accepté de la recevoir. Mais un chef d’Etat élu au terme d’une longue crise de gouvernance au pays des cèdres grâce au triple feu vert de Damas, Téhéran et la milice chiite libanaise du Hezbollah.
 
Saad Hariri met en garde la présidente du FN contre l'amalgame entre Islam et terrorisme
Si rien n’a filtré sur ce qu’a pu lui dire le président Aoun, les propos du premier ministre Saad Hariri, lors de leur rencontre un peu plus tard, étaient sans ambigüité. Hostile au régime syrien qu’il accuse d’être derrière l’assassinat de son père, le premier ministre libanais a quasiment tancé Marine Le Pen sur sa politique à l’égard de l’immigration et des musulmans en général.
 
«Les Libanais et les Arabes, comme la majorité du monde, considèrent la France comme la patrie des droits de l’homme et de l’Etat républicain qui ne fait aucune distinction ethnique, religieuse ou de classe entre ses citoyens», lui a déclaré Saad Hariri, mettant en garde la dirigeante de l’extrême droite française contre tout amalgame entre islam ou musulmans et terrorisme.

 
Pas d’ambigüité chez Marine Le Pen non plus. A sa sortie de l’entretien, elle s’est «réjouie» de rencontrer un responsable étranger en exercice avec lequel il y a «bien entendu des analyses communes» mais aussi «des divergences sur un certain nombre de points». Notamment sur la crise dans la Syrie voisine.

Bachar Al-Assad, une solution rassurante pour la France, selon Marine Le Pen 
«J’ai exprimé l’analyse qui est la mienne : en l’état, il m’apparaissait n’y avoir aucune solution viable et plausible en dehors de ce choix binaire entre Bachar al-Assad d’un côté et l’Etat islamique de l’autre», a-t-elle dit. Vantant «la politique réaliste» du président syrien, elle estime qu’il constitue «une solution bien plus rassurante pour la France.»
 
Pour accomplir son pèlerinage de deux jours aux pays des cèdres, la patronne du Front National a bénéficié du soutien personnel d’amis et sympathisants libanais de son parti, convaincus que la défense des chrétiens d’Orient contre le terrorisme de l’Etat islamique fait partie de la défense des valeurs occidentales.
 
En réaffirmant depuis Beyrouth, distante d’une centaine de kilomètres de Damas, son soutien à la stratégie de Bachar Al-Assad, qui se pose lui aussi en en protecteur des chrétiens, Marine Le Pen reste dans une logique électorale.
 
S’attirer sans doute les bulletins de vote, et si possible le soutien financier, des Français expatriés ou binationaux (ils sont 17.000 inscrits sur les listes électorales) mais aussi les faveurs des deux pays tout-puissants en ce moment dans la région. La Russie, qui a la haute-main sur la situation en Syrie et l’Iran, qui exerce, via le Hezbollah, une véritable tutelle sur le Liban.
 
 

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