Les forces de l'ordre ont tiré vendredi pour disperser des manifestations à travers la Syrie, faisant 18 morts
C'est ce qu'indique un nouveau bilan publié samedi par une ONG locale.
La répression a également fait des dizaines de blessés, l'Union européenne dénonçant une répression "révoltante" et décidant d'accentuer la pression. Depuis le 15 mars, 1.332 civils ont été tués et 341 membres de la police et de l'armée ont perdu la vie.
De son côté, la télévision a fait état de la mort d'un officier de police à Kadam, dans le banlieue de Damas, par des "gangs armés".
Des personnes ont été tuées et six blessées à Kessoua, près de Damas, a indiqué à l'AFP un membre de l'Organisation syrienne des droits de l'Homme, présent sur place. Les manifestants sont partis de la mosquée après la prière du vendredi et ont défilé quelques minutes, avant que les forces de sécurité ouvrent le feu pour les disperser, a-t-il expliqué.
Les forces de police ont également ouvert le feu sur des rassemblements dans différents quartiers de Homs (centre), faisant au moins trois morts et une vingtaine de blessés, d'après un militant sur place.
A Damas, selon un autre militant sur place, au moins trois personnes ont été tuées et 25 blessées dans le quartier de Barzeh. Les forces de sécurité ont dispersé une manifestation appelant à la chute du régime, faisant d'abord usage de gaz lacrymogène, avant de tirer, a-t-il rapporté.
Depuis le début du mouvement de protestation, le régime évoque la présence de "terroristes armés qui sèment le chaos", sans vouloir reconnaître explicitement l'ampleur de la contestation.
D'après le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, les forces de police ont également ouvert le feu à Homs (centre), faisant trois morts.
Les manifestations du vendredi
Comme tous les vendredis, des milliers de personnes ont défilé dans tout le pays à l'issue de la prière. Selon M. Abdel Rahmane, plus de 30.000 personnes ont manifesté à Deir ez-Zor (est), 10.000 dans la région d'Idleb (nord-ouest) et "des milliers d'autres ailleurs dans le pays".
Dans son appel à manifester lancé sur sa page Facebook, le groupe "The Syrian revolution 2011", moteur de la contestation, avait placé la mobilisation de ce vendredi sous le thème : "Bachar n'est plus mon président et son gouvernement ne me représente plus".
Par ailleurs, des commerçants ayant répondu à un appel à une grève générale jeudi ont été arrêtés, notamment dans le Sud, a indiqué le chef de l'Association nationale des droits de l'Homme Amar Qorbi, précisant que les arrestations se poursuivaient vendredi.
Pressions de l'UE
Face à l'intransigeance de Damas, l'Union européenne a décidé d'accentuer la pression, mettant en cause la légitimité du régime syrien du fait de la répression "révoltante" en cours et imposant des sanctions contre des responsables des Gardiens de la révolution iraniens, l'armée d'élite de la république islamique, accusés d'aider Damas.
"En faisant le choix de la répression plutôt que de tenir les promesses de réformes de grande ampleur qu'il a lui-même faites, le régime sape sa légitimité", indiquent les dirigeants européens dans un projet de déclaration commune qui doit être approuvé lors d'un sommet à Bruxelles.
En parallèle, un nouveau train de sanctions européennes, le troisième, est entré en vigueur vendredi. Il vise sept personnes, dont trois responsables des Gardiens de la révolution, et quatre sociétés. Ils sont accusés par les Européens d'être "impliqués dans la fourniture de matériel et d'assistance pour aider le régime syrien à réprimer les manifestations" et visés par un gel de leurs avoirs en Europe et une interdiction de visa.
Fuite vers la Turquie
Fuyant l'arrivée massive de l'armée syrienne à proximité de la frontière, des centaines de personnes se sont réfugiées en Turquie au cours des dernières 24 heures.
"Entre le 23 et le 24 juin, 1.578 citoyens syriens supplémentaires ont été acceptés dans notre pays", portant à 11.739 le nombre de réfugiés syriens en Turquie, a annoncé le centre gouvernemental turc de gestion des crises.
Selon des observateurs turcs, le pire serait une contagion de la révolte à Alep (nord), deuxième plus grande ville syrienne et coeur économique, situé à seulement 90 km de la frontière.
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