Les Etats-Unis ont lancé samedi sur la Libye leur première attaque de drones
Les avions de l'Otan ont bombardé plusieurs fois samedi les environs du quartier général de Mouammar Kadhafi à Tripoli.
La ville assiégée de Misrata, elle, a connu samedi son pire bilan depuis le début des combats, avec au moins 26 morts.
En réponse aux appels à une intensification des opérations aériennes de l'Otan, le ministère américain de la Défense a annoncé qu'un avion armé guidé à partir du sol avait mené ses premières frappes en début d'après-midi. L'Otan a précisé que ce drone avait détruit un "lanceur de roquettes multiples" (orgue de Staline) près de Misrata.
Obama avait annoncé le recours aux drones
Le président Barack Obama avait autorisé jeudi le recours à ces drones, même si l'armée américaine entend toujours rester en retrait des actions militaires contre les forces pro-Kadhafi.
Misrata : plus de 25 morts et blessés
Explosions et coups de feu se succédaient samedi presque en continu depuis vendredi soir à Misrata, ville côtière à 200 km à l'est de Tripoli, théâtre depuis plusieurs semaines d'une guérilla urbaine meurtrière entre rébellion et forces loyalistes.
Le principal hôpital de la ville a annoncé avoir reçu plus de 25 morts et 100 blessés, rebelles ou loyalistes, entre 08H00 et 20H30 locales samedi, et un autre cadavre a été réceptionné dans un autre établissement, portant à au moins 26 le nombre de tués pour la journée.
D'après le docteur Abou Falra, "c'est le plus lourd bilan en 65 jours de combats". Pour le docteur Mohammed El Fagieh, "il y en a sans doute beaucoup plus, car les combats se poursuivent, les missiles tombent partout dans la ville" et "certaines zones restent inaccessibles" aux secours.
Les insurgés ont annoncé avoir réussi à faire reculer les forces du colonel Kadhafi. Une importante portion de la rue de Tripoli, où se situe le front depuis des semaines, était sous contrôle rebelle samedi soir. Ils ont en outre réussi à prendre l'immeuble Tameen dominant la ville, d'où des snipers loyalistes sévissaient depuis plusieurs jours, selon des combattants et un journaliste de l'AFP.
Selon un médecin revenant du front, le docteur Hakim Zaggut, "les hommes de Kadhafi reculent", "la révolte essaie de les encercler dans l'ancien hôpital public, c'est le dernier endroit qu'ils tiennent à peu près". Mais "c'est loin d'être terminé. Nous espérons vaincre, mais ce n'est pas fait", a-t-il dit.
Arrivée de combattants tribaux, en soutien à Kadhafi
Des rebelles ont confirmé l'arrivée côté loyaliste de combattants tribaux en civil. "Il y a maintenant des combattants tribaux, venant du sud de la Libye ", a indiqué Omar Rajab, un combattant rebelle de 29 ans.
Vendredi soir, le régime libyen avait annoncé un retrait des forces gouvernementales de Misrata, précisant confier aux tribus loyales à Mouammar Kadhafi la mission de mettre fin au conflit dans cette ville par la négociation ou par la force. Cette démarche semble destinée à compliquer la tâche de l'Otan en impliquant des "civils". Mais une grande partie des habitants concernés combat déjà à Misrata, sous la bannière de "l'armée populaire" composée de milices de "volontaires", selon des sources.
La communauté internationale a tiré la sonnette d'alarme concernant la situation humanitaire dans la ville. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a souligné que les conditions de survie des habitants se dégradaient, l'accès aux soins et à l'eau devenant problématiques.
"Nous manquons de tout, équipement, personnel et médicaments. On opère à la chaîne dans tous nos blocs", a déclaré à l'AFP le Dr Falra, alors que les ambulances se succédaient toutes les 5 ou 10 minutes. "On n'y arrivera pas, à ce rythme. On perd des gens qu'en temps normal on arrive à soigner", a confié le chirurgien Mahmoud Mohammed, épuisé.
Un navire affrété par l'OIM est arrivé samedi à Misrata avec 160 tonnes d'aide humanitaire et devait repartir pour Benghazi en évacuant un millier de réfugiés étrangers, notamment Nigériens.
Ces deux dernières semaines, 15.000 Libyens ont fui vers la Tunisie dans cette zone, et le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés redoute un exode "plus important".
>> Lire aussi
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.