Le gouvernement syrien a présenté mardi sa démission au chef de l'Etat Bachar Al Assad
Le président l'a accepté mais il a reconduit dans la foulée le Premier ministre sortant Nadji Otari au poste de chef du gouvernement par intérim.
La dictature syrienne est confronté à un mouvement de contestation sans précédent depuis 50 ans, dont la répression a fait une soixantaine de victimes.
Le gouvernement démissionnaire devrait laisser la place à un exécutif plus à même de mener les réformes promises: abrogation de l'état d'urgence, libéralisation de la presse et instauration du pluralisme politique. Ces mesures figurent parmi les demandes des protestataires.
Manifestation pro-Assad à Damas
Dans le même temps, le régime a mobilisé mardi des centaines de milliers de personnes pour afficher la popularité du dirigeant syrien.
Une foule importante a convergé vers la place des Sept Fontaines à Damas face à l'imposant bâtiment de la Banque centrale où avait été tendu un immense portrait du chef de l'Etat.
"Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout", "Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, Bachar", scandaient les manifestants. Il s'agit des plus importantes manifestations depuis l'arrivée au pouvoir de Bachar Al Assad en 2000, où il avait succédé à son père Hafez qui dirigeait le pays depuis 1970.
Des jeunes filles en pull et jeans avaient dessiné sur leurs joues des coeurs avec ce message au chef de l'Etat: "On t'aime". D'autres arboraient des pancartes de soutien au "Lion de Damas, défenseur du pays". En arabe, Assad signifie lion.
Sur la place, on dansait au rythme de chansons patriotiques et la clameur montait de la foule chaque fois qu'un hélicoptère passait avec des cameramen à l'intérieur.
Les manifestants s'en sont pris aussi aux médias internationaux qu'ils taxent de partialité. "Vous êtes venus pour voir des protestations en Syrie. Mais aujourd'hui, vous voyez la protestation de la Syrie ",a affirmé Rajah, étudiant à l'université de Damas. Une pancarte dit "Oui aux réformes, non à la dissension confessionnelle". La Syrie est un pays multiconfessionnel et multiethnique avec notamment les sunnites qui sont majoritaires, les alaouites qui tiennent les rênes du pouvoir, les chrétiens et les Kurdes.
La télévision publique a montré des rassemblements identiques dans les principales villes, à l'exception de Lattaquié, principal port de la Syrie, où les autorités avaient demandé de ne pas se rassembler pour des raisons de sécurité.
Durant le week-end, des hommes armés avaient ouvert le feu sur la
population de cette ville, faisant 13 tués parmi les militaires et les civils et 185 blessés. Le régime a accusé les intégristes musulmans.
A Deraa, épicentre de la contestation, 300 personnes ont manifesté mardi contre pouvoir en scandant "Révolution, révolution", "Oui à la liberté non au confessionnalisme" et "Dieu, la Syrie, la Liberté".
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